Le taux de couverture médicale de base de la population marocaine a connu un saut fulgurant en 15 ans. Aux dernières statistiques formulées par l'Agence nationale de l'Assurance maladie (ANAM), ce taux est passé de 16 % en 2005 à 70,2% en 2020, soit 25,2 millions de bénéficiaires tous régimes confondus, dont 11,17 millions de bénéficiaires de l'Assurance maladie obligatoire (AMO) et 11 millions de bénéficiaires du Ramed. L'objectif aujourd'hui est d'atteindre 100% de la population, à travers l'intégration de 11 millions de travailleurs non-salariés et 11 millions de bénéficiaires actuels du Ramed, soit un total de 22 millions qui basculeront vers l'AMO. Un méga-chantier royal est sur les rails depuis le 14 avril 2021. Le Souverain a donné en cette date le coup d'envoi de la mise en œuvre du projet de généralisation de la protection sociale, une directive royale émise lors du discours du Trône de juillet 2020. Cette vision porte également sur la généralisation des allocations familiales durant les années 2023 et 2024 en permettant aux ménages, qui ne bénéficient pas de ces allocations, de toucher des indemnités couvrant les risques liés à l'enfance ou des indemnités forfaitaires. Le chantier comprend aussi l'élargissement en l'an 2025 de l'assiette des adhérents aux régimes de retraite pour inclure les personnes qui exercent un emploi et ne bénéficient d'aucune pension, à travers la mise en application du système des retraites propre aux catégories des professionnels et travailleurs indépendants et personnes non-salariées qui exercent une activité libérale afin d'englober toutes les catégories concernées. La même année connaîtra également la généralisation de l'indemnité pour perte d'emploi en vue de couvrir toute personne exerçant un emploi stable à travers la simplification des conditions pour bénéficier de cette indemnité et l'élargissement de l'assiette des bénéficiaires. Pour mener à bien ce chantier, une loi-cadre a été élaborée. Ce cadre de référence permettra d'assurer la mise en œuvre optimale de cette réforme en fonction du calendrier et des axes fixés. Citons en premier la généralisation de l'Assurance maladie obligatoire de base, et ce par l'élargissement de l'assiette des bénéficiaires de cette assurance pour inclure les catégories vulnérables bénéficiant du Régime d'assistance médicale et la catégorie des professionnels et travailleurs indépendants et personnes non-salariées qui exercent une activité libérale. En effet, ce projet bénéficie en premier lieu aux travailleurs non-salariés à l'instar des agriculteurs, artisans et professionnels de l'artisanat, commerçants, professionnels et prestataires indépendants soumis au régime de contribution professionnelle unique (CPU), au régime de l'auto-entrepreneur ou au régime de la comptabilité, avant une généralisation effective de la protection sociale à tous les citoyens. Il s'agit en effet d'une véritable révolution sociale dont les retombées seront tangibles sur l'amélioration des conditions de vie des citoyens, et la préservation de la dignité de tous les Marocains. La mise en œuvre de ce projet représente, en outre, un levier d'intégration du secteur informel dans le tissu économique national, de façon à garantir la protection de la classe ouvrière et de ses droits, ainsi qu'un tournant décisif sur la voie de la réalisation du développement équilibré et de la justice sociale et spatiale. La généralisation de la protection sociale mobilisera une enveloppe de 51 milliards de dirhams par an. Le financement de cette réforme s'appuie sur deux dispositifs. Le premier consiste en un système d'affiliation (28 milliards de dirhams) qui concerne les personnes ayant la capacité de participer au financement de la couverture sociale, tandis que le deuxième dispositif (23 milliards de dirhams) est basé sur la solidarité et concerne les personnes n'ayant pas la capacité de participer au financement. Sur les 51 milliards de dirhams, 14 milliards sont consacrés à la généralisation de l'AMO dont 8,5 milliards issus du budget général de l'Etat ; 20 milliards de dirhams pour la généralisation des allocations familiales dont 14,5 milliards de dirhams auprès du budget général de l'Etat. De même, 16 milliards de dirhams seront consacrés à l'élargissement de la base des adhérents au système de retraite et 1 milliard de dirhams pour l'élargissement de l'accès à l'Indemnité pour perte d'emploi (IPE).