Un atout de «Softpower» sous-exploité, selon Policy Center Pour l'exploitation de la Zone économique exclusive, une cohérence des politiques marocaines liées à la mer et une stratégie géopolitique claire pour faire face à la concurrence des pays voisins sont nécessaires. Bien que bénéficiant de deux façades maritimes d'une longueur de 3.500 km, le Maroc n'exploite pas suffisamment cet avantage géostratégique à son maximum. Selon une analyse publiée par Policy Center for the New South intitulée «La maritimisation du monde et l'espace atlantique africain : Quelle place pour le Maroc ?», au-delà des aspects commerciaux de pôles logistiques efficients vers l'Afrique «cette façade atlantique est une ouverture sur le monde nord et sud-américain. Avec les Etats-Unis, le Brésil et le Canada, le Royaume du Maroc peut raffermir cette conscience de la côte atlantique comme espace géopolitique propre et capitaliser aussi sur ses positions pour affirmer son influence dans la zone». Diagnostic. Enjeux et défis sécuritaires En raison des défis sécuritaires et des enjeux de développement, l'établissement d'une puissance maritime serait avantageux dans le rapport avec les grandes puissances. Il peut s'avérer bénéfique aussi pour sécuriser les nouvelles lignes maritimes et commerciales. «Dans la mesure où la piraterie dans l'océan Indien et la mer Rouge constitue des risques pour la navigation commerciale de la route de Suez, le transport méditerranéen via le port Tanger-Med pourrait être affecté. En considérant le transport maritime comme un réseau intégré, il est possible de penser aux routes atlantiques comme des alternatives et réfléchir à la position du Maroc en tant que puissance maritime», indique cette analyse ajoutant que le pays peut aussi profiter d'un contexte plus calme dans le sud de l'Atlantique pour y étendre son influence. Cette analyse braque également les projecteurs sur l'exploration offshore. Pour l'exploitation de la Zone économique exclusive, une cohérence des politiques marocaines liées à la mer et une stratégie géopolitique claire pour faire face à la concurrence des pays voisins sont nécessaires. A noter que depuis mars 2020, le domaine maritime du Maroc atteint 12 milles pour la Mer territoriale, 24 milles pour la Zone contiguë, 200 milles pour la Zone économique exclusive et 350 milles maximum pour le Plateau continental. «Cette extension du domaine maritime intervient suite à la mise à jour par le Maroc de son arsenal juridique relatif aux limites du domaine maritime national. Deux lois ont ainsi été publiées au Bulletin officiel du 30 mars 2020 : la loi n°37.17 modifiant et complétant le dahir portant loi n°1.73.211 du 2 mars 1973 fixant la limite des eaux territoriales, ainsi que la loi n°38.17 modifiant et complétant la loi n°1.81 instituant une Zone économique exclusive de 200 milles marins au large des côtes marocaines», rappelle la même source. Connectivité maritime, les opportunités à saisir 80% des échanges du commerce international se font par voie maritime. Dans ce schéma, la quote-part de l'Afrique dans le trafic mondial ne dépasse pas 6% en 2017, par exemple. «Cette part est sans commune mesure avec les atouts distinctifs de l'Afrique, avec un littoral donnant accès à trois façades maritimes (atlantique, indienne, et méditerranéenne), regroupant 38 pays, soit plus de 70% des pays du continent». Il faut par ailleurs noter que le Maroc a réalisé des avancées en matière de développement de sa connectivité maritime. «Il est le deuxième pays à l'échelle du continent africain (après l'Egypte), et le 22ème à l'échelle mondiale (contre le 81ème rang en 2006). Cette bonne performance du Maroc est le corollaire de grands efforts d'investissements entrepris lors des vingt dernières années dont la principale manifestation est la mise en service, en 2007, du port Tanger Med I», indique ladite analyse affirmant que la position du pays est appelée à se réconforter dans les années à venir après la mise en service de Tanger Med II en 2019, qui a confirmé le positionnent du complexe portuaire Tanger Med en tant que hub logistique mondial, connecté à 186 ports mondiaux dans 77 pays. Dans cette perspective, le Maroc a fait le choix judicieux d'investir dans ce secteur pour se placer à long terme comme «un leader africain du transport maritime et de la logistique portuaire», explique la même source. Toutefois, la contribution africaine au niveau du transport maritime mondial reste limitée. Cela est dû au faible nombre des navires battant pavillons ouest-africain et marocain en raison du manque d'attractivité sur certains volets comme le régime de propriété et d'hypothèques, la législation du travail, la fiscalité ou encore le régime pénal à bord. Un autre facteur de faiblesse est la participation minime du continent en général dans la division internationale du travail et, par conséquent, sa faible intégration aux chaînes de valeur mondiales qui induisent un transport maritime des marchandises en Afrique axé principalement sur le trafic des matières premières, notamment d'origine minérale», argumente la même source.