Le Maroc attire moins d'investissements du monde arabe que la Tunisie, le Liban, l'Egypte. Pourtant ce ne sont pas les atouts qui font défaut. Pays attractif ? Le Maroc qui s'est engagé dans un train de réformes multisectorielles, fait pourtant moins bien que la plupart des pays arabes connus pour être des pôles récepteurs d'investissements. Le voisin tunisien qui présente une situation économique similaire, avec la même orientation de l'économie vers les secteurs du tourisme et des services, est parvenu l'année dernière à dépasser 600 millions de dollars, contre 350 pour le Liban. La Tunisie n'a pourtant pas les avantages d'une main-d'œuvre bon marché comme l'Egypte, ni d'abondantes ressources pétrolières comme le Soudan. Les salaires y sont trois fois plus élevés qu'en Egypte. Mais, l'avantage comparatif est compensé ailleurs, dans une charte d'investissement très attractive avec, entre autres, 5 ans d'exonération de l'IGR pour les entreprises qui viennent de s'implanter et, surtout, la rapide mise en place de guichets d'investissements. La signature de conventions diverses avec les pays arabes a fait le reste. Dans ce registre des investissements arabes, on peut remarquer que le Soudan a attiré durant l'année 2002, 330,5 millions de dollars d'investissements arabes contre seulement 65 millions pour le Maroc. Entre les deux pays, les situations économiques ne sont certes pas comparables. Il n'en demeure pas moins qu'une bonne politique de promotion, des mécanismes pérennes sont à mettre en place en direction de ces pays. En Tunisie, la situation est identique qu'au Maroc suivant la répartition des investissements par secteur. Le tourisme vient au premier rang des investissements arabes. Les investissements saoudiens occupent aujourd'hui la première place parmi les investissements arabes, mobilisant une enveloppe de 532 millions de dinars et générant près de 6.800 emplois,. L'Arabie Saoudite est en tête des pays arabes investisseurs dans le monde arabe, devant les Emirats, le Koweit, la Syrie et la Jordanie. Dans des pays comme le Liban, où le régime d'investissement est l'un des plus attractifs, les secteurs de l'immobilier, des services et des loisirs sont les plus courtisés. N'empêche en 2002, le pays enregistrait un vrai ralentissement qui n'est pas étranger à la panne générale des investissements dans le monde arabe, largement retracée par un rapport de la CNUCED (Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Developpement). Selon ce rapport, les investissements dans l'ensemble des pays arabes ont chuté de 32% en 2002 par rapport à 2001. Pourtant si l'on s'en tient aux mouvements de rapatriements des capitaux arabes observés au lendemain du 11 septembre, ces investissements devraient augmenter. Dans sa livraison du 10 décembre, Courrier International titrait «retour d'exil pour l'argent arabe». Et de poursuivre, « 900 milliards d'euros investis à l'étranger reviennent doucement en terre d'islam, vers les économies du Golfe en particulier ». Mouvement jusque-là difficile à apprécier sur le terrain puisqu'en 2002, le monde arabe accusait une chute drastique des investissements directs arabes et étrangers. A peine 4,5 milliards de dollars d'investissements étrangers contre 6,7 en 2001. En Egypte, cette baisse a été expliquée par le climat de récession et le ralentissement considérable des fusions acquisitions perceptibles dans le monde entier. Les pays arabes souffrent en plus du manque d'accords bilatéraux, comme par exemple les conventions permettant d'éviter la double taxation douanière. En clair, la meilleure façon d'attirer les investisseurs arabes, c'est d'impulser les échanges. Ces échanges sont pour le moment une portion incongrue, à peine 10% des 330 milliards d'euros du total du commerce extérieur des pays arabes. Sans réformes et sans assouplissements des régimes douaniers et des conditions d'investissements, la situation risque de perdurer.