Après une série de briefings avec la presse sur l'INDH, le gouvernement s'est adressé, à travers l'émission "Moubachara Maâkoum", diffusée lundi soir sur 2M, au grand nombre notamment les plus démunis. Plusieurs semaines après son lancement par SM le Roi Mohammed VI, le 18 mai 2005, il est indiscutable que l'Initiative nationale pour le développement humain (INDH) nécessite toujours d'être expliquée. Ces explications doivent être adressées non seulement à l'opinion publique de manière générale, mais également aux populations cibles, c'est-à-dire les nécessiteuses ainsi que les organismes partenaires telles que les ONGs et les collectivités locales. Après une série de briefings aux journalistes, animés par le ministre de l'Intérieur El Mostafa Sahel, l'émission "Moubachara Maâkoum", diffusée lundi soir par la deuxième chaîne de télévision nationale 2M, a été consacrée à l'INDH. Sur le plateau, il y avait le ministre du Développement social, de la Famille et de la Solidarité, Abderrahim Harouchi, le gouverneur chargé de l'INDH au ministère de l'Intérieur, Aziz Dadès, deux acteurs associatifs, l'un de Twiza et l'autre de Zakoura, ainsi que le chef de bureau de la Banque mondiale au Maroc, Ferid Belhaj. L'émission a été marquée par plusieurs interventions sur le plateau ainsi qu'à travers des reportages réalisés dans des quartiers défavorisés de la ville de Casablanca. Les propos des uns et des autres reflétaient non seulement les attentes des citoyens en termes de croissance et d'épanouissement, mais également leurs craintes quant à la non-application des valeurs que promeut l'INDH, notamment la notion de solidarité qui semble faire défaut dans de nombreux secteurs. En tout cas, le gouverneur Aziz Dadès a été extrêmement explicite et rassurant. Il a tout d'abord commencé par un préalable sur les enjeux et les fondements de l'INDH. En effet, "cette Initiative d'envergure procède d'une vision d'ensemble autour de trois volets", a souligné Aziz Dadès. Il s'agit premièrement d'un processus de consolidation de l'Etat moderne, deuxièmement de lancer des réformes et des projets structurants et générateurs de croissance et enfin d'atteindre un développement humain dans ses dimensions économique, sociale et culturelle. Un développement humain fondé bien évidemment sur les principes de bonne gouvernance. En somme, l'INDH, contrairement à ce que certains ont pu croire, n'est pas une opération conjoncturelle, limitée dans le temps, c'est un travail de longue haleine qui s'inscrit dans la continuité et qui est appelé à changer à n'importe quel moment. C'est un état d'esprit, une philosophie, une manière de procéder. Ceci dit, comme tout projet mettant l'humain au cœur de ses préoccupations, l'INDH se détermine à partir d'un état des lieux, ce que le ministre Abderrahim Harouchi a appelé "un diagnostic". En attendant les derniers chiffres que communiquera dans les prochaines semaines le Haut Commissariat au Plan, et qui seront regroupés dans ce que le ministère de l'Intérieur appelle "la carte de la pauvreté, nous pouvons d'ores et déjà avancer qu'au moins 1,5 % de la population urbaine de Casablanca vient dans une précarité extrême. 23 % de la population rurale vit au-dessous du seuil de la pauvreté et 4 millions de personnes vivent dans des quartiers non réglementaires ou dans des bidonvilles. Après avoir énoncé les quatre programmes prioritaires de l'INDH, le gouverneur Aziz Dadès a expliqué comment les dix milliards de DH, réservés à l'INDH pour les cinq années à venir, seront dépensés et surtout contrôlés. C'est ainsi que dans un souci d'efficacité et de célérité de l'exécution des projets retenus, le gouvernement a procédé à un assouplissement significatif des procédures d'exécution des programmes INDH. Mais parallèlement à cela, des dispositions rigoureuses de contrôle ont été mises en place. La réglementation en matière de contrôle des ordonnances de paiement reste inchangée. Un système d'information comptable et financier sera mis en place en réseau entre les services centraux du ministère de l'Intérieur et l'ensemble des provinces et préfectures afin d'effectuer un suivi en temps réel de l'exécution financière des enveloppes allouées. Des audits conjoints entre l'Inspection générale de l'administration territoriale et l'Inspection générale des Finances seront systématiquement organisés, avec possibilité d'audit privé. En plus de tout cela, la Cour des Comptes reste bien évidemment habilitée à intervenir à n'importe quel moment. Hormis les 10 milliards de DH, qui ne concernent que les années 2006 à 2010, le gouvernement a réservé la somme de 250 millions de DH destinée à financer 650 projets dans les quelques mois restants de 2005. Cette première phase est expérimentale, en quelque sorte. Le but étant de roder les différents organes appelés à choisir des projets, les valider, les lancer et contrôler leur exécution.