Le problème des habitats insalubres à Paris a refait surface suite aux derniers incendies qui ont ravagé des logements habités par des Africains. Deux incendies au cœur de paris en l'espace de quatre jours ont déclenché toute une polémique autour du logement insalubre et du manque criant de logements sociaux en France. Le gouvernement, qui vient à peine de préparer sa rentrée, a décrété une mobilisation générale face à cette question lancinante. «Cette situation est tout à fait indigne des exigences naturelles de l'accueil qu'on doit à celles et à ceux qui sont chez nous, quelles que soient leurs origines, quelle que soit leur nationalité», a déclaré le président Jacques Chirac. Cette situation indigne, comme l'a qualifiée Jacques Chirac, est aussi une nouvelle patate chaude qui vient s'ajouter au cahier des charges de son fidèle Premier ministre, Dominique de Villepin. Ce dernier, dont la mission s'annonce de plus en plus dur, a promis un plan pour le logement d'ici la fin de la semaine. Pour y parvenir, De Villepin a estimé qu'il fallait prendre toute la mesure des besoins dans le domaine du logement. «Je crois qu'il faut que nous prenions le problème à bras-le-corps et qu'il y a besoin d'une formidable mobilisation», a-t-il affirmé. Une formidable mobilisation ou une union sacrée comme l'a appelée le ministre de la Cohésion sociale Jean-Louis Borloo. Selon M.Borloo, l'union ne doit pas être seulement dans l'accélération et l'amplification de l'action de tous les partenaires et acteurs du logement social mais aussi dans la condamnation sans faille et la lutte contre toutes les discriminations notamment en matière de logement. Cependant, le ministre de l'intérieur, Nicolas Sarkozy, ne voit pas les choses du même œil. Habitué à faire cavalier seul et prendre des mesures extrêmes, Sarkozy s'est vite prononcé pour la fermeture des squats. Une mesure qu'il juge efficace et assez radicale pour éradiquer le problème. «Il faut fermer tous ces squats et tous ces immeubles pour arrêter ces drames, et c'est ce que j'ai demandé au préfet de police, parce que ce sont des êtres humains qui sont logés dans des conditions inacceptables», a-t-il déclaré en marge d'un déplacement de Jacques Chirac à Reims (Marne). Cette situation dramatique a été une occasion pour Sarkozy de ressortir son discours anti-immigration, tout en restant fidèle à son style. «A force d'accepter des gens malheureusement à qui on ne peut proposer ni travail ni logement, on se retrouve dans une situation où on a des drames comme ça», a-t-il déploré. Toutefois, il n'a pas précisé comment seraient relogées les personnes expulsées des squats. Pierre Henry, directeur général de l'association Terre d'asile, a jugé les propos de Nicolas Sarkozy préoccupants et lourds de menaces pour toutes celles et ceux qui se trouvent aujourd'hui dans la précarité. «Cela ressemble à s'y méprendre à une provocation», a-t-il estimé. Pour Pierre Henry, la seule manière de sortir des difficultés actuelles serait d'élaborer un plan alliant sorties des logements insalubres et régularisations. «Cela suppose de ne pas faire de surenchère idéologique dans ce dossier délicat mais de travailler avec l'ensemble des partenaires associatifs et institutionnels dans la durée, la discrétion et la modération. Trois vertus que Nicolas Sarkozy semble ignorer», a-t-il conclu. Pourtant la solution sarkozienne est vite passée à la phase de la concrétisation. En effet, la préfecture de police a annoncé mardi l'évacuation des immeubles et des squats les plus dangereux. Elle a aussi annoncé dans un communiqué qu'elle allait mettre en oeuvre dans les prochains jours, en lien avec la ville, un dispositif d'urgence pour prévenir de nouveaux sinistres. En outre, la préfecture va renouveler aux propriétaires des immeubles dégradés des prescriptions fermes de remise en état dans des délais contraints. Elle va aussi organiser des visites des bâtiments signalés, par les services de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris. En cas de nécessité, des détecteurs de fumées seront installés dans les parties les plus exposées au risque d'incendie, précise-t-elle. L'incendie qui s'est déclaré lundi soir dans un immeuble vétuste squatté par douze familles ivoiriennes dans le quartier parisien du Marais a provoqué la mort de sept personnes, dont quatre enfants. Quatorze autres personnes ont été blessées.Ce drame est survenu quatre jours après l'incendie qui a tué 17 Africains, dont 14 enfants, dans le XIIIème arrondissement, et quatre mois après la mort de 24 Africains, également en attente d'un logement, dans l'incendie de l'hôtel meublé Paris-Opéra.