Entretien avec Hicham El Habti, président de l'Université Mohammed VI Polytechnique L'UM6P mise sur l'esprit critique et la créativité de ses étudiants. Une approche qu'elle entend traduire à travers l'enseignement qu'elle dispense afin de permettre aux jeunes de s'ouvrir sur de nouveaux horizons. Pendant une semaine, l'Université a mis à l'honneur la science. Elle a mis en exergue l'histoire et la pensée philosophique qui ont fait progresser les différentes disciplines de la science. Ainsi, plusieurs enseignants-chercheurs ont partagé avec les étudiants leurs connaissances lors de cette première édition qui s'est déroulée du 1er au 5 novembre 2021. Parallèlement, l'établissement s'active pour d'autres projets en cours après une année exceptionnelle. Sur ce sujet et bien d'autres, Hicham El Habti, président de l'UM6P, nous livre sa vision. ALM : Vous avez consacré au sein de l'UM6P une semaine pour la science en y incluant des conférences sur les aspects philosophique et historique de la pensée humaine. Pourquoi ce choix ? Hicham El Habti : Le parti pris est le suivant : pour faire de la science, il faut comprendre la philosophie de la science et l'épistémologie. Il y a des personnes qui se spécialisent dans les mathématiques mais cette science ne se réduit pas à des équations. Elle a une histoire. Lors de la conférence qui porte pour thème «Penser à l'ère d'Internet» par exemple, Rachid Guerraoui l'a bien démontré. Pour beaucoup de personnes, Internet se résume à des ordinateurs, mais ce qu'il y a derrière ces machines ce sont des mathématiques et des algorithmes qui ont une histoire. Après plus d'une heure de conférence sur la physique quantique au XXIème siècle présentée par Mme Inès Safi, on a une meilleure visibilité sur les différentes découvertes de cette science et ce qu'elles permettent de réaliser. On voulait également donner la place à l'épistémologie des sciences de telle sorte à ce que les gens, et surtout les étudiants, puissent démystifier les différentes notions et susciter des vocations. Il s'agit aussi de dire que nous aussi on est capable de contribuer à ce processus de réflexion. C'est le message qui a été donné par M. Guerraoui, en disant que parmi les projets sur l'Internet de demain, il y a des projets menés par des étudiants de l'UM6P. On peut travailler sur les mathématiques de demain aussi tant qu'on arrive à comprendre l'histoire et comment chacun a pu y contribuer à un moment ou à un autre. On est à la fin 2021. Quel bilan faites-vous de cette année et plus particulièrement cette période marquée par la Covid-19 ? On est passés par une année très particulière. L'année universitaire 2020-2021 va rester dans les annales et pas uniquement pour l'UM6P mais partout dans le monde. Du jour au lendemain on s'est retrouvé à devoir basculer vers un enseignement en ligne mais nous avons réussi ce challenge. La crise de Covid-19 nous a permis d'accélérer beaucoup de chantiers. Pour nous c'était une opportunité d'achever un certain nombre de projets sur lesquels on travaillait depuis quelque temps, tout en remplissant notre cahier des charges. Nous avons réussi en 2021 à répondre à un cahier des charges qui était lié aux universités publiques marocaines puisque nous avons accompagné l'ensemble des universités publiques marocaines pour avoir des studios d'enregistrement comme ceux que nous avons à l'UM6P. Avoir fait partie de ce projet constitue pour nous une véritable fierté. Au cours de cette même période, nous avons pu ouvrir un campus à Rabat qui est opérationnel depuis un mois et demi. De plus, nous avons ouvert un campus à Laayoune à la fin de 2020. L'UM6P poursuit sa croissance. Elle compte actuellement 3.500 étudiants et environ 160 enseignants-chercheurs permanents. Quels sont vos projets en 2022 ? On essaye de terminer la construction du campus de Benguérir pour atteindre une capacité d'accueil de plus de 4.000 étudiants. Il y aura aussi dans ce chantier des laboratoires de recherche qui nous permettront d'accueillir plus de doctorants et plus d'enseignants-chercheurs avec leurs équipements. On est également en train de finir la construction du campus à Rabat. Quel est le profil des étudiants au sein de l'UM6P ? Les étudiants proviennent de toutes les régions du Maroc avec autant de filles que de garçons. Nous avons aussi des étudiants d'Afrique subsaharienne avec une quinzaine de nationalités. A Rabat et à Benguérir, l'UM6P abrite aussi des étudiants européens qui sont dans des programmes d'échanges. Il y a une condition qui s'applique à tous, c'est l'excellence. Pour pouvoir rejoindre les différentes filières de l'université, il y a des tests d'admission à l'UM6P qu'il faut réussir. Y aura-t-il de nouvelles filières en 2022 ? Tout à fait, nous y travaillons avec les comités concernés. L'objectif étant de voir quelles sont les nouvelles filières qui seront mises en place en septembre 2022.