Les consultations autour du projet de résolution sur l'affaire du Sahara marocain reprendront lundi avec la réunion des experts représentant les 15 membres du Conseil de sécurité. Menée par les Américains au nom du «groupe des amis du Sahara occidental», l'initiative de faire adopter le nouveau plan Baker ne respecte pas entièrement la souveraineté du Royaume sur ses provinces du Sud. Le point sur les derniers développements de la question. Le projet de résolution recommandant l'adoption par le Conseil de sécurité de l'ONU de la dernière proposition de James Baker comme solution définitive au dossier du Sahara n'est pas encore prêt. La réunion du Conseil au niveau des experts, qui a eu lieu, mercredi au siège des Nations Unies, n'a pas abouti à la confection du texte de ladite résolution. Après des consultations, qui ont duré deux heures et demie, entre les experts représentant les quinze pays membres, il a été décidé de continuer les travaux lundi prochain pour tenter de se mettre d'accord sur des formulations et des approches consensuelles qui tiennent compte des positions exprimées par toutes les parties concernées par le dossier. Rappelons que ce projet de résolution avait été présenté, vendredi dernier, par les Etats-Unis au nom du "Groupe des amis du Sahara occidental". Ce club des pays intéressés par l'affaire du Sahara regroupe outre les Etats-Unis, la France, la Russie, la Grande-Bretagne et l'Espagne. Selon des informations recueillies auprès des délégations des quinze membres du Conseil onusien, la réunion du mercredi aurait été réservée à la présentation des positions respectives de chaque pays quant au texte de la résolution. Un travail qui nécessite des réunions marathoniennes si l'on veut parvenir à préparer un texte accepté par tous les membres du Conseil et à le faire adopter avant l'expiration du mandat de la MINURSO, le 31 juillet. Dans cette perspective, les Etats-Unis, soutenus par la présidence du Conseil actuellement assurée par l'Espagne, veulent que ladite résolution soit prête pour être votée le 28 du mois courant afin qu'une autre résolution, qui déciderait de la prorogation du mandat de la MINURSO, soit votée le 31 juillet. Car, la durée de la reconduction de la mission onusienne dépendra de la décision que le Conseil aura prise quant à la proposition américaine. Une initiative que le Maroc a officiellement rejetée en rappelant que toute solution imposée aux parties dans ce conflit est non avenue. Dans ce cadre, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération, Mohamed Benaïssa, a affirmé, mercredi, que le Maroc n'entrave pas les plans de règlement du Sahara, réitérant la disposition du Royaume à "ouvrir un dialogue sincère, franc et constructif en vue de parvenir à un règlement politique du conflit". Dans une déclaration diffusée par la chaîne "Abou Dhabi", le ministre a souligné que le règlement de cette affaire doit "garantir au Maroc son unité territoriale et sa souveraineté sur tous ses territoires et assurer, en même temps, aux habitants des provinces du Sud du royaume des compétences conformément à ce qui a été convenu avec James Baker, envoyé spécial du secrétaire général de l'ONU pour le Sahara, dans le cadre de l'accord-cadre". Expliquant les raisons du rejet par le Maroc de la nouvelle proposition de Baker, le chef de la diplomatie marocaine a cité, à titre d'exemple, le point relatif à la période "au cours de laquelle l'administration des affaires des provinces du sud sera confiée à une minorité des habitants des provinces, ce qui conduira incontestablement à un conflit entre les tribus, les ethnies et les populations dans la région". Benaïssa a ajouté que les réserves du Maroc portent également sur "la question du référendum sur le sort du territoire", précisant que cette proposition n'avait conduit par le passé à aucun résultat. Le ministre marocain s'est demandé "pourquoi revenir maintenant à cette proposition, si nous allons discuter d'une solution politique qui garantit à chaque partie ses droits et assure, en même temps, la sécurité et la stabilité de la région"? S'agissant des démarches entreprises par le Maroc dans le but d'avorter le projet d'adoption de la résolution hispano-américaine, le ministre a annoncé que des contacts sont en cours avec les Etats-Unis pour les convaincre que le fait d'aller dans la voie du plan Baker "conduirait à des complications et attiserait la tension dans la région". Pour ce qui est de l'Espagne, Benaïssa a estimé que ce pays, qui préside actuellement le Conseil de sécurité, "a commencé à comprendre la réalité des choses". Après avoir rappelé le partenariat liant les deux pays dans l'espace stratégique, économique et politique, notamment dans le cadre de la coopération euroméditerranéenne, il a formulé le souhait de voir l'Espagne "saisir ces choses et prendre la position qui ne conduirait pas à envenimer la tension dans la région". Un message diplomatique clair de la part du Maroc envers le voisin du nord. Rappelons que le Maroc et l'Espagne viennent à peine de clore une crise diplomatique qui a duré plus de quinze mois et dont la principale cause était le soutien inconditionnel que ce pays accordait aux séparatistes du Polisario. Enfin, l'Espagne et les Etats-Unis doivent comprendre que le dossier du Sahara marocain est l'affaire de tous les Marocains, qui rejettent toute initiative allant à l'encontre de l'intégrité territoriale de leur pays. Et, toute décision contraire à ce principe de la part du Conseil de sécurité sera immédiatement rejetée par toutes les composantes de la société marocaine.