Vu leur statut particulier, les travailleurs saisonniers en Europe sont souvent victimes de la violation de leurs droits par leurs employeurs. On les appelle les “OMI”, car ils travaillent sous contrat de l'Office des migrations internationales, et sont souvent victimes d'abus. Ce sont les saisonniers immigrants agricoles. Certes, ils sont des salariés légaux, mais leurs employeurs profitent de leur statut et les exploitent à fond. « Ils sont dans un cadre légal, mais ont un statut particulier qui ouvre la porte aux abus, et sont en situation d'inégalité par rapport à leurs collègues, qu'ils soient dans les chantiers navals, la banque ou les assurances », affirme Antoine Math, chercheur à l'Institut de recherche économique et sociale (IRES). Des pratiques comme le recrutement de membres d'une même famille, histoire de « lier » les salariés et déduction illégale du montant de la taxe OMI des salaires des ouvriers, sous forme d'heures supplémentaires non payées, sont légion en France. C'est ce qu'a relevé Alain Morice, chercheur au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et auteur d'une étude sur les saisonniers en Provence. Pour faire valoir leurs droits, ces travailleurs saisonniers ont observé des grèves de faim dans plusieurs régions. En effet, cet été a été marqué par un grand mouvement de protestations des saisonniers dans l'Hexagone aussi bien marocains, tunisiens que polonais ou chinois. Au mois de juillet, quelque 240 Marocains et Tunisiens, employés dans deux exploitations fruitières des Bouches-du-Rône, ont mené une grève d'une semaine en pleine récolte des pêches et abricots. Outre le paiement des arriérés de salaire, ils dénoncent également les conditions de travail indécentes, voire dangereuses dans certains cas. Certains des travailleurs seraient hébergés dans un mas délabré, sans eau potable. D'autres vivraient dans des bungalows sans aucune hygiène et pour lesquels ils paient un loyer. La Confédération générale du travail (CGT) a déjà dénoncé à maintes reprises ces abus. La situation des saisonniers est vulnérable, puisque la prolongation de leur séjour dans le pays est tributaire de l'employeur. Ainsi, les ouvriers sont en permanence sous la menace de ne pas être embauchés l'année suivante. L'introduction de la main-d'œuvre marocaine en France a été instaurée suite aux accords conclus en 1963 entre l'Hexagone et le Royaume. Selon l'OMI, le nombre des saisonniers immigrés, essentiellement maghrébins, est en évolution croissante. Ils étaient 8 000 ouvriers en 2000. Quatre ans plus tard, leur nombre a doublé : ils sont près de 16 000 à travailler sous contrat OMI. Les Bouches-du-Rhône accueillent près de 4.000 saisonniers. Rappelons que les contrats de l'Office des migrations internationales (OMI) permettent aux employeurs de recruter pour des durées déterminées, huit mois au maximum, des saisonniers étrangers. En vertu de ce contrat, ces derniers sont rémunérés en France au salaire minimum, de l'ordre de 1.200 euros bruts mensuels.