Paiement d'arriérés de salaire, un logement décent et l'application de la réglementation en vigueur, telles sont les revendications des travailleurs saisonniers immigrés qui mènent une grève depuis mardi dernier. Quelque 240 immigrés travailleurs saisonniers agricoles, dont 120 Marocains, mènent un mouvement de protestation et d'indignation contre les conditions de vie indécentes dans les Bouches-du-Rhône. Selon la gendarmerie, 500 personnes, dont les 240 salariés saisonniers, se sont manifestés dimanche après-midi devant l'exploitation à Saint-Martin-de-Crau. Ces employés des deux exploitations fruitières, SEDA et Poscros, se sont effectivement mis en grève depuis mardi dernier et réclament haut et fort l'amélioration des conditions de vie et de travail. Les grévistes s'estiment lésés dans leurs droits les plus élémentaires. Ils revendiquent aux deux sociétés, spécialisées dans la production des pêches et des abricots, le paiement d'arriérés de salaire, un logement décent et l'application de la réglementation en vigueur. Ces travailleurs saisonniers sont employés sous contrat de l'Office de migrations internationales (OMI), qui possède le monopole de l'introduction de la main-d'oeuvre étrangère en France. En vertu de ce contrat, l'employeur recrute en principe pour une durée déterminée des saisonniers étrangers rémunérés au SMIC. Or, ces travailleurs immigrés ne touchent qu'environ 800 euros à la fin du mois. Certains de ces grévistes, travaillant depuis près de 15 ans sur la même exploitation, réclament le paiement d'heures supplémentaires au titre des années 2004 et 2005. Leur employeur doit verser à chacun d'eux entre 2500 et 3000 euros d'heures supplémentaires dont le paiement devait s'effectuer à la fin de la saison dernière. La Confédération générale du travail (CGT) a dénoncé ces abus. Son représentant a qualifié les conditions de travail de ces saisonniers « d'esclavage ». « Depuis 1997, nous avons dénoncé des centaines de cas d'abus. La responsabilité du préfet est évidente car si les conditions de travail sont telles, relevant de l'esclavage, chez le plus gros employeur du département, comment sont-elles ailleurs?», s'est indigné Bernard Gleize, représentant de la confédération générale du travail (CGT) pour l'agroalimentaire des Bouches-du-Rhône. «Nous sommes ici chez le premier utilisateur de mains-d'oeuvre OMI du département. Ils travaillent 230 heures par mois mais ne sont payés que pour 150 heures », a-t-il ajouté. Le représentant de la CGT a insisté sur « le contrôle et le respect des contrats OMI ». Selon la loi, la durée du travail saisonnier ne peut excéder 6 mois sur un an. A titre exceptionnel, elle peut être portée à 8 mois dans le cas d'arboriculture fruitière lorsque la durée des opérations de récoltes dépasse 6 mois selon les pratiques régionales. Les conditions d'emploi, de rémunération et de logement doivent être également conformes à la réglementation en vigueur. Cependant, les conditions d'hébergement des employés saisonniers sont jugées «effroyables» par la CGT. Certains des travailleurs seraient hébergés dans un mas délabré, sans eau potable. D'autres vivaient dans des bungalows sans aucune hygiène et pour lesquels ils paient un loyer. Par ailleurs, la CGT demande également que les saisonniers grévistes aient la garantie de pouvoir revenir travailler dans l'Hexagone la saison prochaine. « Il faut aussi que ces gens qui risquent gros, aient ensuite la garantie de pouvoir revenir en France, même s'ils ne travaillent plus chez le même employeur », a insisté B. Gleize. L'inspection du travail a effectué samedi et dimanche une visite sur les exploitations pour y enquêter sur les conditions de travail et d'hébergement des travailleurs. Un rapport sera rédigé et soumis au préfet de la région PACA. Ce dernier devait en principe se réunir lundi 18 juillet en fin d'après-midi à Marseille avec un représentant des salariés grévistes ainsi que plusieurs délégués CGT et de l'union locale de Fos-sur-Mer.