Le Thieboudiène est le plat le plus courant au Sénégal. A base de riz et de poisson, la recette aurait été inventée par une Saint-Louisienne qui a pensé à tout sauf à breveter son invention. Mode d'emploi. Les femmes sénégalaises le savent bien. Le meilleur moyen de pousser leur mari dans les bras d'une rivale, c'est de rater le «Thieboudiène », plat obligatoire à midi. Ce plat à base de riz et de poisson présente quelques similitudes avec le couscous au niveau de la préparation. Un Thieb bien réussi commence par le choix des ingrédients. D'abord un gros poisson, de préférence un «Shiof », de la même famille que le mérou. Les sénégalaises adorent tellement le «Thiof» qu'elles utilisent désormais ce nom pour désigner le gendre idéal, le bon parti pour le mariage. Ne soyez pas offusqués à l'arrivée du pays de la Téranga si on vous désigne par le nom d'un poisson : c'est un signe d'appréciation, d'autant que par les temps qui courent, le «Thiof», quand il n'est pas hors de prix, devient introuvable. La daurade et la "Corvina" sont utilisées en substitution dans ce cas. Bref, pour quatre personnes, prévoir 1,5 kilogramme de poisson. Autre ingrédient indispensable, le poisson séché, appelé «Guédié» (100g), ou le fameux «Yett». Ce dernier ingrédient vient de conditionnement de mollusques, asséchés au soleil pendant plusieurs jours. La réputation «aphrodisiaque » donnée à ce produit ne doit pas être un prétexte pour en abuser, sa digestion risquant d'être difficile surtout pour un estomac non initié. Aussi, 150 g suffiront. Pour le reste, tomate concentrée (150g), tomate fraîche (200g), trois quart de litre d'huile d'arachide, un poivron vert, 3 piments rouges, du sel et du poivre. Pour le riz, de préférence opter pour les petits grains. Le riz qui pousse à Richard Toll, dans la région de Saint-Louis (limitrophe avec la Mauritanie) est souvent réputé comme étant le meilleur. «Ndar», Saint-Louis en vieux wolof n'étant autre que la ville où le Thieboudième fut inventée par une certaine «Penda Mbaye», femme qui réussissait tellement ce plat qu'elle vécut heureuse avec son mari, sans jamais craindre les affres de la polygamie. Inutile de dire que la thèse sénégalaise de l'origine du Thieb est contestée de l'autre côté du fleuve où le riz au poisson est appelé «Maro Liddi » en poular ou «Maro Hoût » en arabe dialectal mauritanien, terme utilisé aussi au Sahara dans le sud marocain. Ces tiraillements quant aux origines du Thieb se traduisent en de délicieuses confrontations entre les femmes de la sous-région. Pour la préparation, il faut bien laver le poisson, le piquer ensuite. Préparer la farce en pilant au mortier (ou mixer) un oigon, un peu de persil et un piment, le tout assaisonné de sel et de bouillon pour poisson. Par la suite, introduire une petite quantité de cette farce dans le poisson piqué. Cette farce est importante. D'elle dépend le goût du vrai Thieb au Sénégal. Préalable à la cuisson, chauffer l'huile. Puis, dorer deux oignons tranchés avec le piment, les mollusques et un peu de sel dans l'huile. Mélanger, dans un récipient, les 150g de tomates concentrées et les tomates fraîches. Délayer cela dans un peu d'eau, puis ajouter dans l'huile le poisson et le mélange à la tomate. Couvrir la marmite pendant 10 minutes puis ajouter 1/5 litre d'eau. Le reste rejoint le processus d'une sauce standard. Ajouter les légumes épluchés entiers ou coupés en deux, selon leur grosseur, ainsi que le poisson séché (guedj) coupé en morceaux. Laisser mijoter à couvert pendant 30 minutes à feu doux. Après 45 minutes, saler, poivrer, mettre un bouillon de poisson dans la sauce. Prendre 2 saladiers et retirer le poisson et légumes séparément. Plonger le riz dans la sauce obtenue et attendre 30mn environ. L'essentiel est que le riz soit bien cuit. Il ne faut pas hésiter à laisser le riz sur le feu jusqu'à 45 minutes. Votre Thieboudienne est prêt. Servir chaud et manger avec des amis autour d'un tapis ou d'une natte.