Le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération espagnol vient de s'exprimer sur la politique du gouvernement Zapatero concernant le conflit autour du Sahara marocain. Pour Moratinos, il ne faut pas compter sur l'Espagne pour une campagne internationale contre le Maroc. Une autre sortie médiatique qui ne risque pas d'être oubliée de sitôt. Surtout pour les milieux espagnols pro-Polisario et les nostalgiques de l'ère d'un Aznar «offensif». Miguel Angel Moratinos, ministre espagnol des Affaires étrangères et de la Coopération a fait l'effort d'un véritable recadrage au sujet du conflit autour du Sahara et qui n'a pas été du goût des ennemis du Maroc. Dans une «Lettre ouverte sur le Sahara», signée par Moratinos et publiée sur les colonnes du quotidien «El Mundo» (édition du mardi 2 août), le chef de la diplomatie espagnole affirme qu'il ne saurait être question que l'Espagne puisse être à la tête d'une campagne internationale contre le Maroc et pour l'indépendance du Sahara. Le gouvernement espagnol ne peut se mettre dans une «situation qui ne tient pas», ajoute Moratinos pour qui il est question de préserver les relations privilégiées avec Rabat sans rien renier quant aux obligations de respect des droits de l'Homme. Le gouvernement Zapatero, selon Moratinos, a plutôt travaillé et travaillera toujours pour la recherche d'une solution juste et définitive au conflit autour du Sahara. Solution qui est aujourd'hui entre les mains des parties concernées directement par le conflit, avec la participation de l'ONU. L'Espagne, elle, gardera toujours une «attitude d'engagement actif» pour trouver une solution dont elle n'a d'ailleurs pas les clés, selon les propres termes du chef de la diplomatie de Madrid qui affirme qu'il est aujourd'hui question de s'attaquer à la «maladie» et non aux «symptômes». Pour Moratinos, ceux qui poussent à ce que l'Espagne dirige une campagne internationale anti-marocaine sont mus par des considérations purement politiciennes. Pour lui, il s'agit d'une tentative d'induire l'opinion publique espagnole pour une «capitalisation» politique de l'intérêt que revêt cette question pour les Espagnols. L'allusion aux adeptes des thèses du Parti Populaire, certains milieux de gauche et des associations pro-Polisario est l'on ne peut plus claire. D'ailleurs, le même mardi, c'est le dénommé Brahim Ghali, représentant des mercenaires à Madrid, qui disait tout le mal qu'il pense de la lettre ouverte de Moratinos et ce dans des déclarations à «Europa Press». La lettre ouverte de clarification de Moratinos arrive quelques jours après la nomination d'un nouveau représentant personnel du secrétaire général de l'ONU au Sahara. Nomination d'ailleurs saluée par la diplomatie espagnole et un Moratinos qui appelle toutes les parties à aider Peter Van Waslum à s'acquitter de sa nouvelle mission. Il y a quelques jours également, c'est une lettre de quelque 250 intellectuels, artistes et journalistes marocains qui appelait à une clarification des choses entre les deux rives.