La dette des ménages affiche une décélération en 2020. C'est du moins ce qu'observe Bank Al Maghrib dans son dernier rapport sur la stabilité financière, élaboré conjointement avec l'ACAPS et l'AMMC. L'encours global de l'endettement des ménages est de 369 milliards de dirhams en hausse de 2,9% contre une progression de 5% en 2019, de 5,7% en 2018 et une moyenne de 4,9% sur les cinq dernières années. «Cette dette, composée des crédits à l'habitat et de consommation accordés par les banques et les sociétés de financement, représente plus que le tiers du portefeuille crédit de ces institutions. Son évolution limitée en 2020 recouvre une hausse modérée des prêts immobiliers résidentiels (4,6%) et une légère baisse des prêts à la consommation (-0,2%)», explique Bank Al Maghrib. Et de poursuivre qu'«en temps de crise et des incertitudes qui y sont associées, une partie des ménages aurait tendance à reporter ses projets d'acquisition des biens immobiliers et à limiter son endettement pour la consommation lorsqu'il y a peu d'occasions de dépenser ». Ainsi, le montant moyen par ménage s'est établi à 43.640 dirhams contre 43.458 dirhams en 2019 et 42.500 en 2018. Il est à noter que l'encours de la dette des ménages a représenté 34% du PIB. Un ratio qui se situe à un niveau élevé comparativement aux années précédentes, reflétant la contre-performance de la croissance économique nationale en cette année de crise. Cependant, il demeure situé à un niveau largement inférieur à ceux enregistrés dans plusieurs pays, notamment les pays développés. S'agissant des crédits distribués aux ménages résidant au Maroc, ils ont atteint les 350 milliards de dirhams, en décélération de 5,1% en 2019 à 3,3%. Rapporté au PIB, leur montant a représenté 32,6% contre 29,4% une année auparavant, sous l'effet principalement du repli du PIB. L'endettement des ménages Marocains Résidents à l'étranger (MRE), a poursuivi sa baisse en 2020. Il s'est établi à 19 milliards de dirhams environ, accusant un recul de 5,1% dans la continuité de son rythme baissier observé depuis 2017. Se référant aux données formulées par Bank Al Maghrib, la dette financière des ménages est composée à hauteur de 64% de crédits destinés à l'acquisition de biens immobiliers à usage d'habitation. Les prêts alloués à l'achat de logement ont enregistré une légère amélioration en 2020. Leur croissance s'est établie à 4,6% après 4,2% une année auparavant. Un rythme de croissance, qui selon la Banque centrale, demeure toutefois faible depuis 2010, avec un encours global de 238 milliards de dirhams, dont 8,6 milliards de dirhams correspondent aux financements Mourabaha immobilière accordés par les banques et fenêtres participatives. Pour ce qui est des crédits à la consommation, ils se sont élevés à 131 milliards de dirhams. Plus de la moitié de cet encours (55%) est distribuée par les banques et 45% par les sociétés de financement spécialisées. Ces crédits ont enregistré pour la première fois une légère baisse de 0,2%, recouvrant ainsi une baisse de 2,8% des crédits des banques et une décélération de ceux octroyés par les sociétés de crédit à la consommation, dont le taux de progression est revenu à 3,3% après 7,4% en 2019. Il est à noter que les moratoires de crédit à la faveur des ménages portent à fin décembre 2020 sur 469.273 dossiers ayant concerné un encours de 67,3 milliards de dirhams. Près de 69% de ces crédits ont été complètement normalisés au moment où 19% ont connu des impayés et 6% se sont transformés en créances en souffrance.