Note de lecture. Le dernier ouvrage du professeur Abdelkrim Belguendouz traite du droit des MRE d'être représentés au sein du Parlement. Une alternative : la création d'un Conseil national des MRE. Que représentent, pour les pouvoirs publics, les Marocains résidant à l'étranger? C'est la question de départ posée par l'universitaire Abdelkrim Belguendouz, professeur en économie à la Faculté de Droit de Rabat et chercheur en migration, dans son dernier ouvrage intitulé "Marocains des ailleurs et Marocains de l'intérieur". En fait, cette opposition entre deux types de citoyens Marocains, qui repose en principe sur des critères géographiques, est inscrite dans le titre reflète en fait une discrimination politique. L'auteur soulève donc un problème bien précis, celui de la participation des MRE à l'une des consultations nationales les plus importantes, c'est-à-dire les élections législatives, à l'instar de plusieurs autres pays. En effet, malgré les efforts considérables fournis par des ONGs marocaines, installées au Maroc et à l'étranger, les MRE n'ont pas réussi à exercer ce droit constitutionnel: élire et être éligible. Lors du gouvernement de l'alternance, le Premier ministre Abderrahmane Youssoufi leur a refusé ce droit à l'occasion des élections législatives de septembre 2002. En fait, la position des pouvoirs publics quant à cette question est assez floue voire ambiguë. Certes, ils reconnaissent le droit des MRE à jouir de leur droit constitutionnel, mais en même temps, estiment que "techniquement" il est impossible de l'appliquer. Surtout car, les expériences ultérieures ont prouvé leurs limites. Le Professeur Belguendouz a disséqué dans son ouvrage, de 160 pages environ, les différents arguments des uns et des autres et procède même à des comparaisons avec d'autres pays. C'est ainsi qu'on apprend que les Français, les Italiens, les Portugais et les Algériens votent à l'étranger. Concernant les expériences de la législature de 1984-1992, Abdelkrim Belguendouz reconnaît l'existence de certaines lacunes, notamment la migration politique de trois des cinq députés MRE. Toutefois, "dans l'ensemble et indépendamment de certaines lacunes réelles, les députés de l'émigration étaient très actifs au niveau du contrôle du gouvernement (questions orales et écrites concernant les MRE) et des débats budgétaires dans les aspects liés aux besoins de l'émigration". En conclusion de cette étude exhaustive, le Professeur Belguendouz propose la création d'un Conseil national des MRE qui ne peut en aucun cas effacer le droit de ces derniers d'être représentés au Parlement. Il s'agit d'une instance composée de personnes élues démocratiquement par les MRE eux-mêmes, et non pas désignés par les autorités. Ce Conseil sera un interlocuteur idéal pour les autorités. Il pourra également élire parmi ses membres les représentants de la communauté marocaine dans les organismes nationaux à vocation économique, sociale et culturelle s'intéressant directement ou de près aux MRE.