L'éventuel rachat de la société française Danone par le mastodonte Américain Pepsi a provoqué la réaction de toute la classe politique. L'information révélée par le Financial Times concernant une éventuelle acquisition de la multinationale française Danone par le géant américain Pepsi a eu un véritable effet boomerang en France. L'affaire a suscité une mobilisation sans précédent de l'ensemble de la classe politique française. «La menace d'OPA sur Danone devient une affaire d'État», a titré mercredi en première page le journal Le Monde. «Ils se lèvent tous pour Danone», peut-on lire sur la Une de La Montagne. Mais c'est au quotidien Libération que revient le meilleur titre : «L'Union Sucrée». L'appel au sauvetage de la Société Danone des griffes du géant américain fut unanime. Même le président de la république, s'est dit particulièrement vigilant et particulièrement mobilisé dans l'affaire Danone. «C'est d'autant plus que la priorité aujourd'hui pour la France est de défendre sa compétitivité industrielle et la force de ses entreprises», a déclaré le président Chirac. Plusieurs ministres français sont aussi montés au front pour garantir que tout serait mis en place pour empêcher une transaction. Selon eux, ce rachat priverait le pays d'un pilier essentiel. Affichant sa préoccupation d'une éventuel offre publique d'achat jugé hostile, le Premier ministre français, Dominique de Villepin, a assuré que la France saurait défendre ses intérêts dans le dossier. « Il ne s'agit pas pour moi de commenter les rumeurs ou les fluctuations d'un cours de Bourse mais ce que je peux dire c'est l'attachement qui est le nôtre aux emplois français, à l'industrie française, à la recherche française », avait-t-il affirmé lors d'une conférence de presse à Matignon. « La France a un cadre de loi très rigoureux, très strict. Le gouvernement veillera très scrupuleusement à ce que les droits de Danone soient appliqués », a assuré à RTL le ministre français de l'Economie, Thierry Breton. « Il faut raison garder. Bien entendu nous sommes tous attentifs au patrimoine français, mais une entreprise, c'est complexe », avait ajouté le ministre. Pour sa part, le ministre de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy s'est montré plus désireux d'une intervention de l'Etat. Selon lui, les pouvoirs publics devraient tout mettre en œuvre avec les actionnaires de référence pour bloquer une éventuelle hostilité OPA. Malgré ces sorties, aucune mesure précise n'a été évoquée. Seul le principal syndicat de l'entreprise avait plaidé pour la nationalisation immédiate de Danone. Mais pour l'instant, tout cela n'est que rumeur. En France, la baisse du chiffre d'affaires, à périmètre constant, se poursuit (-4% au second trimestre après -7% au premier trimestre). Danone ne réalise plus que 22% de ses ventes en France. Toutefois, le président de Danone, Franck Riboud, prévoit de terminer 2005 avec un résultat net exceptionnel positif qui viendra renforcer notre résultat net courant. Concernant une éventuelle OPA inamicale, Franck Riboud affirme que Danone a des moyens de défense, sans en dire plus. Les statuts de Danone prévoient des dispositifs anti OPA. Tout actionnaire dépassant 0,5% du capital doit ainsi en faire la déclaration, et pour espérer détenir 12% des droits de vote, il faut acquérir plus des deux tiers des actions. À la Bourse de Paris, les opérateurs prenaient leurs bénéfices sur Danone, après une hausse du titre de 16,5% en deux jours. À 13H00, l'action perdait 3,40% à 89,55 euros.