L'affluence risque d'atteindre des sommets ce soir sur les scènes de Casablanca. Le déplacement s'impose, à l'invite du chaâbi, du raï et de la chanson amazighe. Une soirée grand public est au rendez-vous, elle se déroulera sur différents podiums du Festival. Ce jeudi soir, les trois scènes du Festival de Casablanca ont accordé leurs violons pour abriter des soirées grand public. De Sidi Bernoussi à El Hank, en passant par la Place Rachidi, la musique populaire vaudra le détour. Du chaâbi avec Hajja Hamdaouia (scène Rachidi, 21 heures), de l'aïta mersaouia avec Ouled Bouazzaoui (scène El Hank, 22 heures), du raï algérien avec Cheïkha Rimiti et Cheb Bilal (Place Rachidi, 22H15, et Sidi Bernoussi, 22H45) … Raïssa Tachinouite, vedette de la chanson amazighe, sera également attendue sur la scène d'El Hank à 23H15. Avec ce plateau, la chaleur risque d'affoler le mercure ce soir. Maintenant, est-il besoin de présenter ce plateau ? Pour commencer, place à un hommage aux artistes issus de la Chaouia. Hajja Hamdaouia, en dépit de ses 80 ans, reste la voix vive d'un mode musical traditionnel qui est né et s'est développé dans les régions de Casablanca : l'aïta mersaouia. Apparue dès les années 50 du siècle précédent, cette grande dame du mersaoui, dont l'appellation renvoie à la «mersa» (port de Casablanca), a le mérite d'avoir modernisé cette musique pour en faire un genre à part entière. Si cette artiste a pris son point de départ à Casablanca, sa notoriété n'a d'égale que les frontières de tout le Maroc. Cette notoriété atteindra son point culminant dans les années soixante-dix. Inspirée du patrimoine lyrique de la Chaouia, elle s'est évertuée à le remettre au goût du jour. On pense, entre autres chansons, à «El Alwa » (dédiée à un lieu de pèlerinage situé dans la région de Ben Ahmed). L'apport de Hajja Hamdaouia est d'avoir accéléré le rythme de cette chanson, conformément au goût d'une jeunesse assoiffée de danse. Dans le même registre, d'autres enfants de la Chaouia, en l'occurrence « Aoulad Bouazzaoui », seront à l'honneur. Les frères Bouazzaoui, chapeautés par Khalid (violoniste) et Salah (luthiste), font aujourd'hui autorité dans le «mersaoui». Fils de Cheïkh Bouazzaoui, l'un des grands maîtres de cet art qu'il a su préserver durant près de cinquante ans, les frères Bouazzaoui se présentent actuellement comme les héritiers de ce legs musical ancestral. Connus au Maroc, ils sont reconnus à l'étranger. Ils ont, entre autres manifestations, participé à l'Année du Maroc en France et se sont produits dans différentes régions du monde, dont l'Université de Washington (Etats-Unis). Autre vedette marocaine, mais cette fois dans le registre de la chanson amazighe. Il s'agit d'Aïcha Tachinouite. Porte-voix de la chanson amazighe, cette artiste est appréciée par tous les Marocains. Son style, basé sur le chant mais aussi sur la danse, est prisé dans les quatre coins du Royaume. L'Algérie, quant à elle, sera représentée par deux figures marquantes du raï : Cheïkha Rimiti et Cheb Bilal. Nous sommes certes face à deux styles différents, l'un étant traditionnel, l'autre, moderne. Cheïkha Rimiti, considérée comme l'une des pionnières du raï algérien, a inspiré plusieurs vedettes de ce style pop', notamment Cheb Khaled. Cheb Bilal, lui, a le mérite d'avoir innové le raï. Tout en préservant l'esprit du raï, il y a introduit une saveur soul à la Ray Charles. Il a ceci de plus qu'il a étudié la musique. Originaire de la région d'Alger et élevé à Oran, Cheb Bilal a fait le Conservatoire, ce qui lui a permis de se forger un style à part. Comme Cheb Khaled, Mami ou encore Faudel, il a chanté à ses débuts dans les mariages et autres fêtes de famille. Arrivé à Marseille en 1989, il est devenu très populaire au sein de la communauté maghrébine résidant en France. Sollicité pour les fêtes, les concerts grand public aussi, ses albums sont également fort prisés. A présent, Cheb Bilal compte une soixantaine de cassettes.