Le Premier ministre s'est réuni mercredi avec les professionnels du secteur dentaire. A l'ordre du jour : la présentation de l'avant-projet de création d'un Ordre national des médecins-dentistes. Le calvaire des chirurgiens- dentistes du Maroc toucherait à sa fin. Après plus d'un an et demi d'activité, les membres de la Délégation spéciale des chirurgiens Dentistes se sont réunis, mercredi 20 juillet, avec le Premier ministre, Driss Jettou, pour lui présenter les résultats de leurs travaux. A noter que la création de cette instance, la Délégation spéciale, a été décidée par la loi 02/01 relative à la dissolution du Conseil supérieur et Conseil national de l'Ordre des chirurgiens. Cette dissolution a été décrétée par le gouvernement, en 2001, à la suite d'une série de crises internes qui ont engendré une paralysie totale des instances ordinales de la profession. Composée notamment de représentants de l'Administration, de chirurgiens-dentistes du secteur privé et du secteur public ainsi que des enseignants de la Faculté dentaire, la Délégation Spéciale a été chargée essentiellement de proposer un nouveau cadre juridique pour la profession, avant l'organisation de nouvelles élections. Lors de la réunion d'hier, les membres de la Délégation spéciale ont présenté les grandes lignes d'un projet de loi relatif à la création d'un Ordre national des médecins dentistes. Ce texte a été élaboré en commun accord avec l'ensemble des professionnels du secteur, qu'ils soient enseignants, publics, privés ou militaires. Ce nouveau texte comporte un certain nombre de nouveautés, notamment en matière d'élargissement des compétences de l'Ordre national. C'est le cas, par exemple, de la délivrance des autorisations d'exercice, de la défense des intérêts moraux et juridiques de la profession et du pouvoir disciplinaire en cas de manquement à la déontologie de la part d'un chirurgien-dentiste. En somme, l'esprit de cet avant-projet consiste à doter l'Ordre national des moyens nécessaires à une gestion efficace et transparente de l'ensemble de la profession. L'ordre sera également appelé à élaborer une stratégie nationale dans le domaine de la santé bucco-dentaire. Maintenant que le projet a été soumis au Premier ministre, il devra passer par le circuit normal qu'empruntent tous les textes de loi. Après son examen et son adoption en Conseil de gouvernement, puis en Conseil des ministres, il atteindra le Parlement. Théoriquement, cela ne devrait pas prendre beaucoup de temps. Car la Délégation spéciale a pris le soin de se concerter avec l'ensemble des professionnels. Pour ce faire, ses membres ont effectué une vaste tournée à travers plusieurs régions du Maroc. A cette occasion, ils ont rencontré des syndicats de chirurgiens- dentistes et des associations afin de leur présenter les grandes lignes de la réforme, et partant, recueillir leurs remarques et leurs recommandations. Ces dernières concernaient essentiellement trois points. D'une part, la formation et la formation continue, d'autre part, l'exercice illégal de la profession et enfin la répartition des praticiens sur l'ensemble du territoire national. Les membres de la Délégation spéciale ont donc profité de la rencontre avec le Premier ministre pour mettre sur le tapis ces trois problèmes.Pour sa part, Driss Jettou leur a promis de faire le nécessaire en matière de formation et de formation continue, surtout que le secteur des chirurgiens-dentistes a deux ministères de tutelle : la Santé et l'Enseignement supérieur. Aussi, le Premier ministre a rappelé à ses interlocuteurs que la mise en œuvre de l'AMO représentera une véritable bouffée d'oxygène. Mieux encore : le gouvernement est en train de réfléchir, dans le cadre de la mise en œuvre du Ramed, à l'instauration d'un système de conventionnement entre les hôpitaux publics et les praticiens privés. Pour ce qui est du problème de la répartition géographique, les professionnels, à travers la Délégation spéciale, devront opter pour une solution qu'ils soumettront ensuite au gouvernement. Il s'agira soit d'instaurer un système de numerus clausus, soit prévoir des avantages fiscaux aux praticiens qui choisissent de s'installer dans des régions éloignées. Lors de la réunion avec le Premier ministre, il a également été question des stages de formations qui pullulent ces dernières années. A défaut d'une réglementation claire et d'un contrôle efficace, les orthodontistes sont les premières victimes de cette anarchie.