Les émeutes ont repris mardi soir à Béchar (965 km au sud-ouest d'Alger), aussitôt après le verdict rendu par la justice contre 47 personnes, mises en cause dans les troubles survenus une semaine plus tôt dans cette ville du sud-ouest du pays, rapporte jeudi la presse algérienne. Les émeutiers, qui contestaient ainsi la condamnation de six jeunes à des peines d'emprisonnement de deux ans et 9 autres à 3 mois de prison ferme, alors que le procès de 5 autres est renvoyé à plus tard, ont incendié une agence postale et saccagé une école et un centre multi-média. De violents affrontements se sont produits entre les manifestants et les forces de l'ordre, tard dans la soirée, faisant 5 blessés parmi les forces de l'ordre, selon la presse algérienne. Les forces de l'ordre avaient procédé, à l'issue d'"une bataille rangée" nocturne, à sept arrestations, parmi les émeutiers, dont un blessé. Les émeutes avaient, rappelle-t-on, éclaté la semaine dernière à Béchar. Les manifestants protestaient notamment contre les coupures de courant, devenues fréquentes, en cette période de fortes chaleurs. "La commune de Béchar donne durant cette semaine, le triste aspect d'une ville assiégée", écrit le journal El Watan, qui fait par ailleurs état d'"un calme précaire" dans la capitale de l'Ahagar, Tamenrasset (extrême sud du pays), gagnée par la contagion des émeutes, qui ont éclaté dans plusieurs villes. Des émeutes avaient éclaté le week end dernier à Tamenrasset, ville distante de quelque 2000 km de la capitale algérienne, après celles de Béchar, en signe de protestation contre la mal vie, le chômage, la distribution des logements, et surtout le sentiment d'abandon après les récentes intempéries dans la région, estime la presse algérienne. Les émeutiers avaient endommagé plusieurs édifices publics, dont les directions régionales des Moujahidines, du commerce, de la jeunesse et des sports et de l'assemblée populaire de wilaya, plusieurs lampadaires. Un habitant d'un quartier précaire de Tamenrasset indique dans un témoignage que "nous habitons depuis quatre décennies dans des taudis, menacés par la pluie et les scorpions". "Nous sommes des touareg mal sédentarisés dans ces bidonvilles, où le taux de chômage est de plus de 80 pour cent", explique-t-il. 64 personnes avaient été présentées à la justice. Les émeutiers, munis de bidons d'essence, avaient arrosé plusieurs édifices publics, avant d'y mettre le feu. Le calme est revenu depuis mardi dans cette ville, ce qui pourrait favoriser le ravitaillement de la région, coupé depuis le début des émeutes.