Développement du numérique, relocalisation des activités dans des territoires de proximité, renouvellement des chaînes de production et la promotion de la recherche et l'innovation... autant d'axes qui permettront de renforcer la résilience des territoires face à la crise. «Afin d'assurer un développement soutenu, inclusif et durable, les provinces et préfectures devraient renforcer l'attractivité de leur territoire, plus précisément leur attractivité productive (la capacité du territoire à attirer des activités nouvelles et des facteurs de production) et leur attractivité résidentielle (la capacité du territoire à attirer des revenus à travers la présence permanente ou provisoire de certaines personnes). Cette double attractivité des territoires, qui s'inscrit en phase avec les impératifs d'un développement équilibré et harmonieux, s'avère primordiale pour s'adapter aux évolutions actuelles et futures générées par le contexte de la crise sanitaire de la Covid-19», peut-on lire dans une récente note réalisée par la direction des études et des prévisions financières (DEPF) intitulée «Quelle attractivité pour les préfectures et provinces du Maroc : productive ou résidentielle». Ce document dresse une typologie de l'attractivité économiques des 32 territoires marocains en se basant sur les indicateurs en lien avec la population, l'emploi, les entreprises et le tourisme, et propose une liste de recommandations visant à faire de ces entités des acteurs de relais de croissance. Cette analyse tient aussi compte des impacts de la pandémie sur ces composantes du territoire national et les mesures prises pour améliorer le climat des affaires. Pour améliorer l'attractivité des territoires, cette étude préconise de placer les territoires au cœur de la politique des centres régionaux d'investissement, se doter d'un système d'information territorialisé sur le climat des affaires et enforcer la connectivité entre les territoires, notamment les territoires ruraux au reste de l'économie à travers des systèmes de transport et de technologie de l'information, et investir plus intensément dans une politique de «city branding» associée à un projet urbain. Elle appelle également à développer le tourisme rural dans une logique qui concilie la conservation du patrimoine et le développement local. Zones concernées Par ville, Casablanca et Rabat sont considérés aux vues de cette étude comme des zones à forte attractivité productive. En revanche, Marrakech et Agadir sont classés en tant que zones à forte attractivité résidentielle pour les touristes. Tanger et Fès sont pour leurs parts des zones à attractivité productive et touristique moyennes. Nouaceur, Salé, Skhirate-Témara, Mohammedia et Inzegane sont des zones à attractivité résidentielle pour les salariés travaillant en dehors de leur zone de résidence alors que Settat, Khémisset, Taza, Khénifra, Safi sont des zones à attractivité productive pour les travailleurs indépendants. En termes de chiffres, Casablanca et Rabat qui sont deux pôle productifs urbains par excellence profitant de la littoralisation accrue des activités productives et de l'urbanisation. Les deux villes «drainent fortement les actifs qualifiés à hauteur de 33 et 22%, respectivement, de la population active occupée, les hauts emplois, respectivement 6 et 4% de l'emploi total, ainsi que la population active occupée de nationalité étrangère, respectivement 2,6 et 1% de la population totale», argumente ladite étude ajoutant que ces deux zones restent des territoires où les entreprises «choisissent de développer leur activité dans la mesure où elles se hissent en tête du classement, attestant d'une forte création des entreprises à Casablanca qu'à Rabat, soit respectivement 14.195 (1ère place) et 3.133 (4ème place) entreprises créées en 2018». Autre exemple: Nouaceur, Salé, Skhirate-Témara, Mohammédia et Inzegane se situant à proximité des grands pôles productifs, principalement Casablanca, Rabat et Agadir bénéficient du dynamisme de l'emploi des pôles productifs voisins, de l'offre résidentielle locale et d'une infrastructure de base les reliant aux grands pôles. Il s'avère que la part des salariés travaillant hors leur zone de résidence s'élève à 31% à Nouaceur suivie de la préfecture de Salé (29%) et des provinces de Skhirate-Témara (28%), de Mohammedia et d'Inzegane Ait Melloul (23% chacune). Prix de l'immobilier comme choix déterminant Les provinces affichant une forte concentration des navetteurs se caractérisent ainsi par un coût de l'immobilier relativement bas comparé à celui des grandes préfectures voisines. «Pour Casablanca, le prix du m2 oscille entre 7.000 et 35.000 dirhams, à contrario, les provinces qui l'entourent présentent un prix nettement moins élevé, entre autres, Mohammedia (entre 7000 et 13.000), Nouaceur (entre 7000 et 12.500) et Berrechid (entre 4.500 et 8.500)», précise l'analyse soulignant que «le niveau de vie et le souhait d'accéder à la propriété ont poussé les actifs occupés à venir s'installer dans ces provinces, tout en conservant leur emploi». De ce fait, l'installation de la population active occupée au niveau de ces territoires participe au dynamisme de leur tissu économique local. Ainsi, ces territoires deviennent des lieux de consommation de cette tranche de la population. Connectivité L'attractivité des territoires dépend aussi de l'ouverture de l'espace aérien. Ce facteur a permis au Maroc d'améliorer la connectivité du pays aussi bien avec les villes du Royaume qu'avec les pays du reste du monde. «La préfecture de Casablanca se hisse en tête du classement en possédant 57 liaisons avec le reste du monde et 19 liaisons avec les villes du Royaume, suivie de Marrakech (24 liaisons externes et 8 liaisons internes), d'Agadir (23 externes et 7 liaisons internes) et de Tanger (11 externes et 6 liaisons internes). Ces territoires restent à attractivité avérée aux actifs qualifiés, aux IDE, et aux touristes», précise la DEPF indiquant par ailleurs que le pays est doté de 14 ports commerciaux répartis sur le littoral. Localisation des entreprises La création de la richesse territoriale se concentre au niveau du littoral. «La taille du marché est un facteur déterminant dans le choix de localisation des entreprises particulièrement les multinationales. Cette notion est souvent appréhendée par le PIB et son dynamisme. Avec une part de 15,3% de la richesse nationale en 2018, la préfecture de Casablanca conforte la 1ère place avec 170.042 millions de dirhams suivie par la préfecture de Tanger (4% du PIB et 43.982 millions de dirhams), d'El Jadida (4% et 43.892 millions de dirhams) et la province de Kénitra (y compris Sidi Slimane) (3,8% et 42.286 millions de dirhams). Les territoires de Rabat, Settat (y compris Berrechid), Mohammadia, Khouribga, Salé et Marrakech affichent des parts autour de 3%», explique l'étude.