Quatre jeunes repris de justice issus de familles pauvres ont constitué une bande de malfaiteurs qui agressait les personnes et cambriolait les locaux commerciaux. Ils ont été condamnés chacun à cinq ans de réclusion criminelle. Abdelhadi, Saïd, Abdelghafour et Hamid ont comparu devant les trois magistrats de la Chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca. Ayant un niveau primaire, ils sont tous célibataires et sans profession. Abdelghafour est leur aîné. Il est à son trente-troisième printemps. Issu d'une famille indigente de la région de Chamaïa, il s'est lancé dès son jeune âge dans l'agriculture après avoir échoué dans ses études primaires. Il y a passé une dizaine d'années avant de décider de rejoindre son cousin à Casablanca. Une fois sur place, il a commencé à travailler dans des chantiers de construction. Un métier qui ne lui rapportait pas gros au point qu'il se trouvait parfois sans le moindre sou. En plus, il devait envoyer de l'argent à ses parents restés à Chamaîa. Saïd de trois ans son cadet n'a pas dépassé le niveau de la troisième année d'enseignement fondamental. Ses parents qui demeurent à Sidi Moumen à Casablanca n'avaient pas les moyens pour l'inscrire dans une école privée. Ils se sont saignés aux quatre veines pour assuer à leur huit enfants le minimum vital. Mais en vain. Aucun de leurs enfants n'a pensé les aider en cherchant un emploi pour les soutenir. Ils se sont tous plongés dans le monde de la délinquance au point que six parmi eux, y compris Saïd, sont des repris de justice. Alors que leurs deux autres sœurs sont des filles qui se contentent à rester chez elles sans rien faire. Ce petit monde familial ainsi que le mauvais voisinage, ont fait aussi de Saïd un délinquant. Il a entamé son parcours dans le monde de la criminalité par le vol à la tire. Avec la complicité d'un autre jeune de son quartier qui avait dérobé une Peugeot 103, il agressait les passants dans les boulevards et les rues plus ou moins déserts du centre-ville. Des actes délictuels qui lui ont coûté, après une première arrestation, 18 mois de prison ferme. Une deuxième arrestation lui a coûté deux ans de prison ferme. Cependant, il semble qu'à chaque sortie de prison, il acquière plus d'expérience. C'est dans le monde carcéral où il a fait la connaissance d'Abdelhadi, un jeune de 24 ans qui purgeait une peine de huit mois de prison ferme pour tentative de vol simple. Cet originaire de Kelaât Sraghna qui a tourné le dos aux études dès la première année d'enseignement fondamental, s'est contenté de fréquenter les jeunes de son quartier. Une fréquentation qui l'a jeté dans les chemins de la drogue. Entre temps, il a commencé à rêver du continent européen. À défaut d'argent nécessaire pour payer les passeurs, il a décidé de regagner Casablanca pour se faufiler au port. Son objectif était d'immigrer clandestinement vers l'Europe. Un rêve qu'il n'a pas pu réaliser malgré plusieurs tentatives. À chaque fois, il est arrêté et traduit devant le procureur du Roi près le tribunal de première instance qui le poursuivait en état de liberté provisoire. Dans son actif, on compte trois antécédents judiciaires pour tentative d'immigration clandestine et une quatrième pour tentative de vol simple. Si Abdelhadi et Saïd se sont rencontrés à la prison, dans quelles circonstances ont-ils fait la connaissance de Hamid et Abdelghafour ? D'abord Hamid était un jeune Safiot, qui a quitté sa ville natale depuis une dizaine d'années. Ce jeune de 27 ans, est arrivé à Casablanca avec son oncle pour apprendre le métier de mécanicien. Cependant, il est vite devenu accro à la drogue. Depuis, son oncle l'a chassé pour qu'il devienne un clochard qui passe ses nuits à la belle étoile. Au fil des jours, il a rencontré Abdelghafour qui ne voulait plus rester chez son cousin. Abdelghafour qui a même abandonné les chantiers de construction a embrassé le monde de Hamid. Les deux duos se sont rencontrés dans les locaux du tribunal quand ils ont été arrêtés au port de Casablanca alors qu'ils guettaient le moment opportun pour se faufiler dans un bateau. Après qu'ils se sont séparés, ils se rencontrent une deuxième fois près du port. Depuis, ils se sont mis d'accord de s'adonner aux agressions et aux cambriolages vu que leurs tentatives d'immigration ont échoué. Un rêve avorté qui débouche sur la constitution d'une bande de malfaiteurs. Et le quatuor commence à attaquer les gens et à voler leurs biens. À leur actif, une dizaine d'opérations. Ils revendaient le butin à des receleurs et partageaient le magot entre eux pour satisfaire toutes sortes de besoins. Seulement, ils ont fini par tomber. Rendez-vous devant la justice. Après l'examen de leur affaire, la cour les a condamnés à 5 ans de réclusion criminelle chacun. Triste fin.