L'attitude algérienne est de nature à remettre en cause un rapprochement encore à ses débuts et donc fragile. Les autorités marocaines ont dénoncé le discours de Abdelaziz Bouteflika au Chili où, faisant preuve de sa duplicité coutumière, il évoque en même temps la construction du Maghreb arabe et traite la question du Sahara marocain comme une affaire de “décolonisation“. Mieux, le président algérien souligne que la “mise en place de l'UMA est quelque peu compromise par le problème du Sahara occidental“. M. Bouteflika poursuit sa politique de double jeu en adressant un discours de la même eau au chef du Polisario à l'occasion du 32ème anniversaire de cette fumisterie créée par Bouteflika lui-même. Ces deux discours tombent quelques jours avant la tenue à Tripoli du sommet de l'UMA qui, de l'avis des observateurs, intervient dans un contexte de décrispation des relations maroco-algériennes. Une décrispation dont le moteur aura été la rencontre entre S.M le Roi Mohammed VI et Abdelaziz Bouteflika à Alger à l'occasion du Sommet arabe. Du coup, cette éclaircie politique a relancé des prises de contact entre la communauté des affaires des deux pays avec la mise en place d'une ligne aérienne Casablanca-Oran et la création d'une Chambre mixte de commerce, d'industrie et des services. L'attitude algérienne est de nature à remettre en cause un rapprochement encore à ses débuts et donc fragile. N'est-ce pas là finalement l'objectif recherché par Bouteflika ? Torpiller les retrouvailles maroco-algériennes après plusieurs décennies de rupture est tout ce qu'il y a de facile. On ne peut pas promouvoir la fraternité en attisant le feu de la rancune et de la haine. Tout comme il est illogique de vouloir l'intégration et l'union du Maghreb tout en jouant les diviseurs dans cette région. Il faut choisir. Or, Abdelaziz Bouteflika semble avoir choisi définitivement son camp. Celui de l'autre Abdelaziz et de sa cause chimérique. Il est tout de même révélateur de constater que dans les discours de Bouteflika qui du reste se ressemblent tous, l'idéal de l'unification du Maghreb a très peu de place. Il n'évoque en vérité cette zone que comme prétexte pour renouveler dans une tirade d'une autre âge son soutien obsessionnel au Polisario. Si l'Algérie est sincère dans sa quête d'un Maghreb fort et uni, elle doit trouver la solution pour sortir définitivement de cette escroquerie qu'est le Polisario inventé pour bloquer la marche du Maroc. C'était à une époque qui est aujourd'hui révolue. Autrement, il est impossible de construire l'avenir sur un passé toujours en action. Certes, le peuple algérien ne s'est jamais accroché à cette affaire du Polisario. Les responsables algériens mettent en avant ce constat pour minimiser le poids de ce contentieux, histoire de signifier qu'il ne doit pas être un obstacle objectif à l'entente maroco-algérienne et à la construction maghrébine. La vérité c'est que le prochain sommet de l'UMA, en raison de la mauvaise foi persistante du palais d'El Mouradia est d'ores et djà plombé.