L'annonce de la suppression de l'enseignement de la Charia (loi coranique) dans les lycées algériens, à partir de la rentrée scolaire prochaine, a eu pour effet immédiat de réveiller l'agitation islamiste dans les campus universitaires. Les étudiants inscrits dans les cinq facultés des sciences islamiques existant en Algérie se sont mis en grève ouverte depuis dimanche dernier pour dénoncer la décision du ministère de l'Education, qualifiée de "provocation laïque". A Sidi Belabes (550km à l'ouest d'Alger), ville où se trouve une des plus grandes facultés où la Charia est enseignée, la police a procédé à l'arrestation d'une dizaine d'étudiants, condamnés dans la foulée à trois mois de prison ferme pour "troubles à l'ordre public". Jeudi, le président de l'Union des étudiants libres (UEL, proche des partis islamistes) Mohamed Nabil Yahiaoui, a annoncé la mise sur pied d'une "Coordination nationale des écoles de la Charia", comme "une première étape dans la riposte à la décision du ministère de l'Education et à ses déclarations provocatrices". L'agitation est sortie de l'enceinte universitaire pour rebondir au niveau du Parlement, où les députés du parti islamiste modéré et membre de la coalition présidentielle, Mouvement de la Société Pour la Paix (MSP) ont interpellé le ministre de l'Education, Boubekeur Benbouzid. Dans ce texte, publié jeudi par la presse arabophone, les députés du MSP s'interrogent sur "les véritables objectifs" de la suppression de la filière coranique et considèrent par ailleurs que cette suppression est "en contradiction flagrante avec la démarche du gouvernement de faire comprendre le bon Islam". Pour tenter de désamorcer la tension, qui fait planer la menace sur le déroulement des examens de fin d'année, le ministre de l'Education a tenu jeudi un point de presse. "Il ne s'agit pas d'une suppression mais juste d'un report de cette matière ainsi que d'autres au cycle supérieur pour éviter une spécialisation précoce" s'est justifié M. Benbouzid. Le ministre a par ailleurs appelé, "à mettre l'éducation à l'abri de la politique".