Le Mouvement Unicité et Réforme a accusé, dans un communiqué rendu public lundi 16 mai, la Justice marocaine d'avoir violé les droits des mis en cause dans les procès de la Salafiya Jihadia. Le Mouvement Unicité et Réforme (MUR) s'est invité, à sa manière, au débat sur l'affaire des détenus de la mouvance terroriste de la Salafiya Jihadia. Dans un communiqué rendu public, lundi 16 mai, le Bureau exécutif de ce mouvement islamiste a lancé un appel aux membres de la Salafiya Jihadia détenus et condamnés dans le cadre de l'affaire des attentats terroristes qui ont frappé Casablanca pour qu'ils mettent fin à leur grève de la faim, et a demandé aux autorités de procéder à la révision des procès des Salafistes. Le bureau dirigeant d'Attawhid Wal Islah (Unicité et Réforme), qui se dit préoccupé par la dégradation de l'état de santé des grévistes de la faim, les " appelle à mettre fin à leur grève pour préserver leurs vies et pour éviter de se mettre en péril et de s'exposer au risque de la mort". S'adressant aux "responsables de l'Etat", le communiqué d'Attawhid, qui a été publié par le journal Attajdid dans son édition d'hier lundi, les appelle à "dépasser cette situation de crise et à prendre d'urgence l'initiative de réviser le dossier des détentions et des procès qui ont eu lieu dans le cadre des attentats du 16 mai pour corriger les erreurs et les dérapages afin de sauvegarder la crédibilité de l'Etat de droit, préserver la justice et la dignité humaine, et rendre service à l'avenir du Maroc, sa solidarité et sa stabilité". Cet appel se justifie, selon le communiqué du MUR, par le fait que les détentions et les procès qui ont eu lieu au lendemain des attentats terroristes du 16 mai ont été marqués par des dérapages et des violations des droits de l'Homme. "Le MUR dénonce les abus qui ont marqué la gestion de ces événements tant en ce qui concerne les opérations et les conditions de détentions que les interrogatoires et des procès inéquitables qui n'ont pas respecté les garanties juridiques d'un jugement équitable", indique le communiqué de la mouvance islamiste. Le MUR appelle les responsables et les détenus à s'engager sur la voie d'un "dialogue serein juste et responsable". Avec cet appel au dialogue et à la révision des procès de la Salafiya Jihadia, le Mouvement Unicité et Réforme laisse entendre sa volonté de jouer un rôle dans l'affaire des détenus. En fait, ce que les dirigeants de cette mouvance cherchent de jouer le rôle de médiateurs entre les détenus de la Salafiya et les autorités. Un rôle qu'ils ont toujours aspiré jouer dans cette affaire. Faut-il rappeler que l'ancien président de cette mouvance, Ahmed Raïssouni, était allé jusqu'à afficher ouvertement sa prédisposition à dialoguer avec les idéologues de la Salafiya Jihadia qui purgent actuellement des peines d'emprisonnement dans le cadre de l'affaire des attentats du 16 mai dont Mohamed Fizazi, Hassan Kettani et Abdelwahab Rafiki alias Abou Hafs. Dans un entretien avec un hebdomadaire national, il avait même exigé "des garanties de la part des responsables" avant d'entamer sa médiation alors que personne ne lui avait demandé un tel service. Sachant que, malgré sa démission de la présidence du MUR, M. Raïssouni continue à être le véritable dirigeant de cette mouvance, il est facile de déduire que la publication du communiqué en question n'est qu'une offre de service camouflée. Mais, ce qu'il faut retenir dudit communiqué, c'est que la mouvance de M. Raïssouni continue à démentir l'existence même de la Salafiya Jihadia. Une position qu'elle maintenait avant les attentats du 16 mai et qu'elle a continué à défendre au lendemain de ces événements tragiques. En plus, elle se permet d'accuser, publiquement, la justice marocaine de partialité. Or, le respect des principes de l'Etat de droit et de la suprématie de la loi auraient exigé que le ministère public engage des poursuites judiciaires contre le bureau exécutif de MUR pour avoir accusé ouvertement et directement le pouvoir judiciaire marocain de partialité et d'avoir violé les droits des mis en cause dans l'affaire des attentats du 16 mai.