Un tueur à gages ça s'achète, un kamikaze jamais. Ce dernier, est soit fortement motivé jusqu'au sacrifice volontaire de la vie, par une cause nationale dans le cadre d'un conflit armé, soit conditionné jusqu'à l'assimilation à un objet inerte à une bombe humaine que l'on actionne pour semer la mort. Ces actes abjects sont prohibés par l'Islam… L'Histoire ne s'écrit pas au jour car elle s'inscrit dans une éthique exigeant un travail consciencieux destiné à établir la matérialité des faits et l'enchaînement de leurs causes et effets. Les attentats de Casablanca du 16 mai 2003 se trouvent mieux compris, une fois éclairés par les drames ayant ensanglanté New York le 11 septembre 2001 et Madrid le 11 mars 2004. Ainsi les actions de cette nature voient leur dimension s'accroître une fois intégrées dans un laps de temps historique plus large. Un tueur à gages ça s'achète, un kamikaze jamais. Ce dernier, est soit fortement motivé jusqu'au sacrifice volontaire de la vie, par une cause nationale dans le cadre d'un conflit armé, soit conditionné jusqu'à l'assimilation à un objet inerte à une bombe humaine que l'on actionne pour semer la mort. Ces actes abjects sont prohibés par l'Islam… Remercions Dieu Le Clément et Le Miséricordieux d'avoir fait démasquer certains encadrants qui endoctrinaient jusqu'au fantasme. Dans le cadre de l'hypothèse d'une guerre de religions en cours, Al Qaïda doit montrer sa capacité de frapper à tout moment et en tout lieu. Au sein de cette nébuleuse internationale aux visées politico-religieuses autant évidentes que floues, la mouvance marocaine tergiverse entre des attitudes différentes. En premier lieu, les partisans d'actions violentes, s'emploient à prouver leur maturité technico-opérationnelle avec toute la panoplie des moyens y afférents : cellules dormantes, endoctrinement à l'aide de discours et d'écrits d'inspiration wahabite et de vidéo prônant pour les combattants martyrs la destination du paradis, ressources financières adéquates, entraînements à l'étranger et au Maroc, recrutement de jeunes, égarés devant les incertitudes…Quant aux connexions avec des réseaux étrangers leur nature et leur degré ne sont pas encore bien évalués. Ces activistes – tueurs utilisent une technologie avancée pour combattre tout rapprochement institutionnalisé avec l'Occident et imposer par la terreur (arroub) un Islam dur et inquisitoire et ce tout en récupérant politiquement ce fond de traditionalisme qui a toujours existé au Maroc… Si l'évocation sus-visée de cette Salafiya Jihadia s'est référée à des faits avérés, en revanche, l'approche ne pourrait être qu'empirique en vue, de présenter la deuxième composante de la mouvance islamiste dans notre pays. Il s'agit de cette obédience qui rejette sans violence, la Constitution, les droits et institutions qui en découlent ainsi que toute la politique articulée autour de la modernité, et des progrès socio-économique… L'anachronisme par atavisme qui caractérise cette sensibilité fait ressurgir des forces rétrogrades : des féodalités refusant la mobilité sociale que génère un appareil de production qui se modernise ; des milieux qui voudraient être sécurisés par l'Etat pour leurs personnes et leurs biens sans avoir à payer d'impôt et bénéficier de crédits sans avoir à supporter les conditions prévues par la loi à ce titre. En soubassement de cette stratification, il y a les victimes de la misère et de l'analphabétisme. Finalement, un bon nombre de nos nationaux n'a pu retenir aucune leçon du passé. L'on a oublié que le dogme du traditionalisme outrancier allié à une othodoxie religieuse rigide imposé aux Sultans Moulay Abdelaziz et Moulay Hafid, a accru notre colonisabilité et nous savons ce qu'il est advenu par la suite. En mon âme et conscience, je voudrais rapporter telles quelles, des interrogations que se posent des citoyens pieux et d'une bonne moralité : Pourquoi certains qualifient-ils de mécréants bon nombre de leurs frères et les vouent par leur propre volonté humaine, aux châtiments de Dieu… Pourquoi requérir l'interdiction de la mixité dans l'enseignement, l'administration et les transports, de la musique, théâtre, du cinéma, de la télévision, les envois de vœux, de la célébration d'anniversaires, des festivals… que faire alors de nos orchestres, de nos chanteurs de nos peintres de nos musées… que faut-il bannir de l'agencement des maisons. Que faire de notre artisanat… faut-il renoncer à avoir des athlètes femmes championnes olympiques ou du monde. Faut-il que nos brillants lauréats des Grandes écoles françaises par exemple, déclinent toute collaborations avec des Occidentaux… pourquoi considérer comme mécréant quelqu'un de pieux qui aime écouter Oum keltoum ou Mozart.. sincèrement vers quoi ce malthusianisme nous mènerait-il… et encore, je n'ai pas voulu rappeler tout ce que j'ai entendu. La troisième famille de cette mouvance au Maroc, est constituée par des formations plus ou moins structurées en vue d'accéder au pouvoir. Apparemment à ce titre, trois entités émergent : celle de l'octogénaire Abdessalam Yassine, le MUR-enfin le PJD qui veut s'intégrer dans le jeu parlementaire. L'instrumentalisation politique de la religion leur offre trois avantages: L'affluence de masses de fidèles vers les mosquées, procure des facilités logistiques permettant de disposer dans un même lieu et au même moment, d'autant de militants potentiels auxquels, est adressé un discours illustrant l'argumentation politique par la référence religieuse et indiquant les actions politiques à accomplir par soumission pieuse, dont le vote pour le candidat religieux afin de faire une bonne action (Hassanat) et d'assurer le salut de son âme… Or, dans un pays où l'implantation de l'Islam est profondément enracinée, il serait déloyal qu'un parti s'en accapare la propriété. Le deuxième avantage a trait à la mobilisation des foules dans la rue, Avec le temps, les thèmes mobilisateurs ne cessent de se reclasser, il convient de souligner que les slogans à connotation religieuse, permettent de rassembler un grand nombre de personnes… d'autant plus, que l'instinct grégaire, se retrouve attisé par tout ce que la désinformation présente comme menace contre l'Islam. Ainsi, l'on se rassemble plus pour affirmer l'attachement des femmes aux principes que définit en théorie, l'Islam en leur faveur mais l'on se rassemble moins pour protester contre les exactions de diverse nature, que subissent, dans la réalité, de nombreuses musulmanes.. Le troisième avantage dont bénéficient les partis qui ont comme ancrage la politisation de la religion, c'est qu'ils se trouvent dispensés d'avoir un programme, que ce soit sur le plan politique ou socio-économique et ce aussi bien durant ou hors périodes électorales car il ne faut pas dévoiler un projet de société surannée. Leurs sympathisants, sont des inconditionnels pour lesquels l'acte de voter, c'est d'abord un devoir et une action salutaire individuellement. C'est ensuite l'expression d'une solidarité collective afin d'expurger de notre société les influences néfastes importées. Enfin, la conquête même partielle du pouvoir, va permettre d'utiliser tous les rouages de l'Etat, pour réviser la jurisprudence sans oublier aucun code, sans omettre le démantèlement de l'appareil bancaire et financier, ossature de notre économie.. Le tout devant être couronné par la refonte de l'enseignement. Dans un tel schéma, il n'y a plus place ni pour de la démocratie selon nos spécifités, ni pour un parlementarisme correct, ni pour les droits de l'Homme reconnaissant l'égalité entre tous… Ni encore moins, pour du libéralisme économique supposant que les revenus, bénéficies taux d'intérêts et des changes, le coût des biens et services… doivent découler de la confrontation libre sur les marchés sans intervention de l'Etat ou de lobbies.. Et ce, afin de favoriser les activités les plus dynamiques et accélérer le décollage économique. Depuis son entrée au parlement, le PJD cherche à se positionner, à représenter un Islam ‘authentique » mais sans rapport ni avec le style agressif des organisations islamistes, ni avec les mouvements du Moyen-Orient qui combattent sur le terrain. Non plus avec le PJD turc, lequel a trouvé sa voie, à savoir que l'objectif stratégique pour la Turquie c'est son intégration au sein de l'Europe, alors il faut respecter la laïcité constitutionnelle, la lutte contre le terrorisme quelle que soit son origine, les engagements avec l'OTAN, les accords avec Israël et surtout la mise à jour de toute la législation du pays afin de la rendre en conformité avec les textes européens de même nature.. De nombreux observateurs estiment que cette évolution de la conjoncture internationale se trouve aux antipodes de ce que pouvait attendre le PJD marocain. Au niveau de la politique, toutes les initiatives prises vont dans le sens d'une plus large ouverture socio-économique de manière à assurer pour l'avenir la réussite de la modernité, des droits de l'Homme et l'intégration en bonne place dans la mondialisation… Le PJD s'est trouvé, par conséquent, sur la défensive, sans pouvoir critiquer les accords de libre-échange surtout avec les Etats-Unis, ni l'élargissement des relations avec l'Europe, ni la poursuite de la lutte contre le terrorisme, ni la Moudawana, ni les règles régissant l'audio-visuel et dans un proche avenir la loi sur les partis. Désormais, aucun leader ne pourrait plus proposer de recourir aux châtiments corporels par exemple ni à aucune mesure à caractère religion. Bien plus, les mutations en cours, du paysage politique, semblent s'opérer à son détriment. C'est tout d'abord l'adhésion sans précédent, à la politique d'un grand Roi Mohammed VI, que Dieu le garde, à sa vision juste (attabasour) à la conscience de ses hautes responsabilités dans leur intégralité et à son action soutenue. C'est aussi, la réactivation de la Koutla, la reconstitution du pôle haraki et la création de l'alliance démocratique regroupant tous les autres partis de l'opposition. Dans ces conditions, plusieurs analystes s'accordent, pour estimer que l'article de presse récemment incriminé, n'est nullement une bourde ou le choix d'un seul dirigeant pour forcer la main aux autres, mais bel et bien vraisemblablement une action concertée, destinée à faire sortir le PJD de son silence politique. Le thème choisi pour ce faire, s'avère des plus malheureux car même un parti de l'opposition véhicule à l'étranger l'image de son pays. Les causes des séismes sont connues scientifiquement, comment alors, donner l'impression de récupérer la catastrophe ayant endeuillé des pays asiatiques, afin d'en tirer argument pour fustiger l'option de toute la nation, de faire du tourisme une priorité stratégique de développement, et d'y attirer les investisseurs. Les ceci, les cela sont des réalités à traiter à part… la ligne de démarcation ainsi tracée avec toute majorité possible, est-elle provisoire ou va-t-elle persister ? X ou Y va-t-il se réjouir chaque fois qu'il arrive un malheur à un visiteur étranger ? La famille, la tribu, un peuple, sont des données, la «Nation est une volonté forgée à travers l'Histoire». C'est le choix délibéré de tous, de défendre l'identité collective. La Nation marocaine, l'une des plus anciennes du continent africain, bâtie dès l'origine, autour de l'amazighité, de l'arabité et de l'Islam, longtemps assortie d'un makhzen, désormais pourvu d'un Etat moderne, a toujours eu à sa tête, un monarque à la fois chef religieux, politique et militaire. Cette centralité militaro-politico-religieuse, traduit en référence à un Islam sunniste de rite malékite, l'unité stricte de la fonction sans qu'il soit possible de dissocier entre ses trois aspects. Aucune institution s'apparentant à une structure religieuse, politique ou militaire, différenciée, autonome et ne pourrait ni prolonger cette Centralité ni s'y intégrer. En ce XXI ème siècle, toutes les populations du monde, éprouvent deux besoins éminemment impérieux ; un niveau de vie décent que seules la formation et une activité économique intégrée dans un appareil de production en voie de compétitivité, peuvent procurer. Le deuxième besoin, est un minimum de dignité, que seuls les droits de l'Homme et leur corollaire, une même justice et une même égalité de chances pour tous, peuvent apporter. Il va de soi, que la piété, est toujours une valorisation pour l'agent économique et pour l'être humain qui a conscience de sa dignité. Que les milieux politiques approfondissent leurs réflexions et instaurent davantage de démocratie au sein des partis que la société civile contribue à ces efforts, mais sans anachronisme par mimétisme envers d'autres pays ayant plusieurs longueurs d'avance, sans modernité mal comprise, ce qui ne pourrait être qu'aussi nocif que l'obscurantisme. Aucun préalable collatéral ne doit freiner le développement amorcé. Par Mohamed Benjelloun Cadre supérieur à la retraite