Anas Bouanani nous parle de sa participation, parmi d'autres artistes zaïlachis, à la réalisation des peintures murales dans la médina d'Asilah. ALM : Que représente pour vous le fait de participer à cet événement ? Anas Bouanani : Après ma participation à plusieurs expositions et ateliers de peinture organisés dans le cadre du Moussem d'Asilah, j'ai été très enthousiasmé de prendre part pour la première fois aux peintures murales dont se distingue Asilah pendant de longues années. J'avais dû m'excuser à maintes reprises de ne pouvoir y participer en raison de mes contraintes techniques liées à mon travail artistique. J'ai affiché mon grand enthousiasme et mon appréciation pour l'idée de l'organisation de ce mini-moussem dès notre première réunion avec le secrétaire général de la Fondation du Forum d'Asilah, Mohamed Benaïssa, dans le cadre des préparatifs de cet événement. Surtout que son but est de ressusciter un sentiment de gaieté et de quiétude parmi la population, tout en les sensibilisant au respect des mesures sanitaires face à la pandémie Covid-19. Je me sentais encore plus fier de cette participation lorsque j'entendais M. Benaïssa répéter lors de ses visites habituelles à l'atelier de peinture murale que ce mini-moussem lui rappelait la première édition du Moussem culturel d'Asilah, dont les travaux avaient eu lieu en 1978. Qu'est-ce qui vous a inspiré pour la réalisation de votre peinture murale ? Mon œuvre artistique «Lettre à mon pays» est inspirée d'un poème en arabe intitulé «Agharid Achabab» (Les chansons de la jeunesse) du défunt Moghit Abdessalam Bouanani. J'ai repris dans cette œuvre artistique un passage de ce texte poétique pour véhiculer un message plein d'amour et de reconnaissance à l'égard de mon pays pour son soutien aux citoyens, leur permettant de surmonter avec courage ces moments difficiles. Au niveau technique, j'ai utilisé dans ma peinture le sable cru qui renvoie à la mer, qui est un sujet omniprésent dans mon travail. J'ai aussi opté côté chromatique pour mes couleurs lumineuses habituelles, surtout le bleu et le blanc, spécifiques à Asilah. Je cherche ainsi à exprimer mon amour pour ma ville natale et à refléter en même temps l'espoir parmi ses habitants. J'ai eu la chance de réaliser ma peinture sur un mur qui fait partie de l'ancienne muraille historique d'Asilah. J'en ai profité pour refléter des qualités esthétiques et son aspect historique dans mon travail. J'ai également essayé de m'inspirer des motifs de parterre dessinés par le grand artiste zaïlachi Mohamed Melehi et cofondateur du Moussem dans la réalisation de ma peinture murale. Pourriez-vous nous parler de votre participation à l'exposition collective organisée dans le cadre de cet événement ? L'idée de la Fondation du Forum d'Asilah est d'organiser une exposition des œuvres des peintres zaïlachis réalisées pendant le confinement sanitaire. Ce qui a permis aux artistes de partager avec le public leurs sentiments pendant cette période exceptionnelle. Personnellement, j'ai choisi pour cette exposition mes plus belles œuvres réalisées pendant le confinement et en rapport avec l'objectif de cet événement qui est de ressusciter l'espoir au sein des habitants de la ville. Etes-vous influencé par les artistes de renom rencontrés lorsque vous étiez enfant à l'atelier de peinture? Je commence par une citation d'un psychanalyste français qui a dit : Le paradoxe de la condition humaine, c'est qu'on ne peut devenir soi-même que sous l'influence des autres. Je ne peux pas dire que je suis influencé par certains artistes et non pas les autres comme je ne peux pas dire que je n'ai pas été influencé par aucun. Mais l'essentiel dans l'acte créatif c'est de ne pas tomber dans le plagiat et le copiage,… Avez-vous un projet d'exposition ? Comme la plupart des artistes, j'ai des projets plein la tête. Je me prépare actuellement pour une exposition individuelle pour l'année prochaine. Je suis sélectionné pour la biennale internationale «5th European International Book Art Biennale», prévue le mois prochain en Roumanie. Je participe parmi des artistes-peintres marocains à l'exposition nationale «Mains de lumière», organisée sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI et à l'initiative du Syndicat marocain des artistes plasticiens professionnels (SMAPP), l'Association marocaine des arts plastiques (AMAP) et Nobly's Gallery et avec le soutien du département de la culture. Après Rabat, Fès, Tanger, Tétouan et Casablanca, cette exposition poursuivra son itinéraire à Marrakech, Oujda, El Jadida et Laâyoune.