Le Syndicat national de la presse marocaine (SNPM) considère qu'il était temps de procéder à "une révision globale des statuts organisant le secteur de la presse afin de l'adapter aux aspirations démocratiques". Cette refonte globale "se doit de faire de la liberté d'expression un principe qui ne peut souffrir ni entraves, ni restrictions, et de conforter ce droit par des législations libérales garantissant au journaliste la liberté du travail et son statut au sein de la société", indique le Syndicat à l'occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse dans un communiqué parvenu lundi à la MAP. Le Syndicat note qu'en dépit de l'intérêt que portent les différents acteurs, les officiels en particulier, à la question des médias "les journalistes au Maroc sont encore visés par les forces de l'ordre et les représentants des autorités", soutenant que les professionnels des médias sont "délibérément" pris pour cible, nonobstant les appels et les lettres adressés aux responsables par le Syndicat à ce sujet. Les autorités judiciaires tendent à traiter les affaires de la presse avec une mentalité de coercition au lieu de faire valoir l'aspect juridique, estime-t-il, appelant par la même à revoir l'approche pénale adoptée vis-à-vis de la presse et de ses professionnels. Selon lui, les initiatives lancées dans les secteur audiovisuel ne sauraient tenir leurs promesses tant que les autorités restent attachées "à la mentalité de la domination totale sur les médias audiovisuels publics". Ce secteur est encore géré par l'ancienne mentalité tant critiquée par l'ensemble des acteurs juridiques, syndicaux et politiques en contradiction avec l'esprit des réformes qui anime le paysage audiovisuel et avec les mécanismes juridiques mis en place dans le sillage de sa libéralisation, note le communiqué. Dans la majorité des entreprises de presse écrite, les journalistes travaillent dans de mauvaises conditions matérielles et professionnelles, indique la même source, relevant que "certaines entreprises font fi des règles élémentaires du code de travail sans parler du respect du droit syndical", ce qui se répercute sur la qualité du produit et, partant, sur les ventes et la situation financière et commerciale de ces établissements. Le Syndicat prend note de l'absence de toute législation organisant l'exercice du droit à l'information comme il est d'usage dans les pays démocratiques et fait observer que cette carence a favorisé "la floraison du mutisme et de la désinformation dans la gestion de la chose publique" aux dépens de la règle de transparence sensée être un des piliers du système démocratique. Le SNPM exprime son "profond regret" de certaines pratiques contraires à la déontologie dans le secteur de la presse, soulignant qu'en dépit de leur caractère limité, ces pratique portent fatalement atteinte à la place du métier dans la société. Parmi ces pratiques, le communiqué évoque l'amalgame entre l'opinion, l'information et le commentaire, la publication de déclarations d'extrême importance sans citer de sources, la diffamation des personnes, l'amalgame entre vie privée et vie publique, la légèreté dans le traitement des questions nationales pour lesquelles militent les peuples, l'acharnement gratuit contre toute action collective et l'exploitation sensationnelle du métier à des fins mercantilistes. Par ailleurs, le Syndicat souligne l'importance de poursuivre le dialogue avec tous les acteurs politiques et les professionnels afin de consacrer la liberté d'expression, de garantir le droit à l'information et de répondre aux attentes des professionnels, qualifiant ce dialogue de "nécessaire et vital à la modernisation du paysage médiatique" pour un meilleur ancrage du métier dans son environnement politique, économique, social et culturel.