La dette des ménages a connu une décélération en 2019. Une évolution qui reflète le ralentissement des crédits à l'habitat. C'est ce que l'on peut retenir de Bank Al-Maghrib dans son dernier rapport sur la stabilité financière élaboré conjointement avec l'ACAPS et l'AMMC. Portant sur une valeur de 358,6 milliards de dirhams, l'encours de la dette des ménages s'est inscrit en hausse de 5,1% alors que cette croissance tournait autour de 5,7% une année auparavant. En revanche, le montant moyen d'endettement par ménage a marqué une légère hausse par rapport au niveau atteint un exercice plus tôt. Il s'est établi en 2019 autour de 43.458 dirhams contre 42.500 dirhams une année plus tôt. «Rapporté au PIB, cet encours s'est établi à 31,1% contre 30,8% en 2019 soit un niveau globalement quasi-stable depuis 2014», relève-t-on de la banque centrale. Et d'ajouter que «comparé à d'autres économies et sous réserve de toutes les spécificités les caractérisant, ce ratio est situé à un niveau plus élevé que celui des pays en développement et certains pays émergents, et demeure en deçà des niveaux observés dans les économies avancées». Bank Al-Maghrib observe dans son analyse un ralentissement des crédits aux ménages résidant au Maroc en 2019. Ces prêts ont affiché une croissance de 5,1% contre 6,5% en 2019, totalisant ainsi un encours de l'ordre de 338,9 milliards de dirhams. En pourcentage du PIB, ces prêts ne cessent d'accroitre, passant ainsi de 24,3% en 2009 à 29,4% en 2019. En parallèle, la dette des marocains résidant à l'étranger a poursuivi son repli observé durant les trois dernières années fléchissant de 1,3% en 2019 pour revenir à 19,7 milliards de dirhams. Cette dette représente, selon la Banque Centrale, 30,4% de leurs transferts. Les prêts destinés à l'acquisition de logement constituent, selon l'analyse de Bank Al-Maghrib, l'essentiel de l'endettement des ménages. Ils demeurent majoritairement assortis à un taux fixe avec des maturités de remboursement d'une moyenne de 20 ans. «Les ménages ont eu recours aux crédits en bonne partie pour financer leurs acquisitions immobilières. Leur dette est constituée à hauteur de 63% des crédits à l'habitat, en léger retrait par rapport à l'année précédente de 0,8%, en lien avec la morosité du marché immobilier», commente la Banque centrale. En effet, le rythme de progression des crédits au ménages destinés au financement de l'habitat a enregistré son plus bas niveau en 2019 soit 3,8% contre une moyenne de 6,2% observée sur la période 2012-2018. « Ces crédits totalisent un encours de 226 milliards de dirhams, dont 5,7 milliards de dirhams correspondent aux financements Mourabaha immobilière accordés par les banques et fenêtres participatives », peut-on lire du rapport sur la stabilité financière. Et de poursuivre que « les prêts encouragés par l'Etat, représentant 19,2% du total des crédits à l'habitat en 2019, d'un encours de 38,5 milliards de dirhams, ont décéléré à 2,1% contre 0,9% en 2018 et 4,5% en 2017. Les crédits Fogarim en constituent plus de 44% ou 19,3 milliards de dirhams ». Bank Al-Maghrib rappelle, dans ce sens, que le ralentissement des crédits à l'habitat intervient malgré l'assouplissement des conditions financières illustré notamment par la tendance globalement baissière des taux d'intérêts assortissant ces crédits et la quasi-stagnation par rapport à 2018 des prix immobiliers pour l'ensemble des catégories de biens. Notons que le volume de transactions immobilières a ainsi baissé de 3,8% en 2019 après la hausse de 4,8% enregistrée en 2018. De même, la production annuelle correspondant aux nouveaux prêts à l'habitat, a poursuivi sa régression en accusant un repli de 3,9% en 2019 après des baisses successives de 3% et de 2% en 2018 et 2017. Il est à souligner que les prêts à la consommation (132 milliards de dirhams) ont continué en 2019 leur progression à un rythme soutenu (+7,4%) avec un allongement de plus en plus croissant de leur durée initiale de remboursement. Ils sont majoritairement sous forme de prêts personnels non affectés au financement de projets spécifiques pour une part en hausse à 70%, suivis par ceux destinés à l'acquisition de voiture, sous forme de prêts classiques ou de location avec option d'achat, avec une proportion de 22%.