Bloquée en Espagne depuis plus de quatre mois, l'artiste peintre marocaine Fatna Chanane s'est retrouvée seule, avec son fils, à errer dans l'immensité d'un complexe hôtelier en Andalousie et a décidé de faire de cette expérience un nouvel élan de créativité. Elle réalise une exposition individuelle rassemblant une trentaine d'œuvres. Intitulée «Symphonie Confinée», cette exposition est une invitation à changer de regard sur ce qui fait notre liberté, notre faiblesse transformée en force... en création, mais aussi une invitation au voyage dans une conjoncture où le voyage n'est pas permis. Exposées jusqu'au 5 août dans le hall de l'hôtel Martin Alonso Pinzon, dans la ville côtière de Mazagon (Huelva), les nouvelles œuvres de Fatna Chanane sont hurlantes de réalité, mais aussi de rêve. De ce confinement forcé, de cet «exil» espagnol, Fatna Chanane a créé un univers, habité par de nouvelles formes, de nouvelles âmes, invitées à se mouvoir dans un nouveau décor, celui d'un hôtel transformé en forteresse. Et dans un élan de partage, car un artiste n'est jamais «complet» sans ces regards étrangers qui se posent sur ses créations, Fatna Chanane a décidé d'exposer ses œuvres nées de son «exil forcé», à l'hôtel où elle a élu domicile depuis plus de quatre mois. Un confinement très spécial qui donne un beau projet d'exposition et surtout un sens à cette histoire. L'ensemble des bénéfices de ces œuvres seront consacrés à la mise en place et à parrainer des écoles d'art et de peinture pour les enfants (moins de 12 ans) dans deux villages du sud du Maroc (Ouirgane et Ksar Azekour) et dans un village sénégalais. Installée à Casablanca, Fatna Chanane a un parcours des plus riches et des plus atypiques. Diplômée en technologie, spécialisée en Programmation et Analyse, elle a laissé sa carrière professionnelle «classique» de côté, pour se consacrer à son grand amour : l'art et la peinture. Elle fait le tour non seulement des villes marocaines, mais également de nombreux pays où elle a représenté le Maroc. Du Carrousel du Louvre à Paris, au Lac Saint-Jean de Saguenay au Canada, en passant par différentes distinctions, dont celle de «Moukawila Trophy», dans la catégorie Art en 2017, le diplôme de médaille de bronze de l'Académie Internationale «Le mérite et dévouement français» en avril 2018. La même année, elle a obtenu le Prix Africain d'Excellence «Spade Maroc 2018».