L'Entraide nationale a organisé, le 26 avril à Bouznika, une journée d'étude sur les maisons de bienfaisance au Maroc. Cet événement avait pour but de présenter les résultats de l'enquête ordonnée le 2 avril par SM le Roi Mohammed VI. Après la visite-surprise de SM le Roi Mohammed VI à la Maison musulmane de bienfaisance de Ain Chock, l'heure est à la restructuration. L'affaire de Aïn Chock a marqué les esprits et poussé les responsables à se mobiliser pour réorganiser un secteur social laissé un peu à l'abandon. Suite à l'enquête ordonnée par le Souverain, les résultats ont été dévoilés lors de la journée d'étude organisée par l'Entraide nationale le mardi à Bouznika.Cette enquête a éclairci certaines zones d'ombre. Ainsi les participants à cette journée ont découvert notamment le nombre total des maisons de bienfaisances au Maroc, et leur répartition selon les régions. En tout, il existe près de 500 associations de bienfaisance réparties sur les 17 régions du Maroc. La création de ces institutions a débuté en 1913, mais ce n'est qu'en 1999 que la bienfaisance a pris l'importance particulière en terme de création d'associations. Depuis cette date, on a enregistré en effet la création de 217 établissements, ce qui représente 77% de ce qui a été crée, depuis plus 60 ans. Il a été révélé entre autre que c'est la région Souss-Massa Drâa qui recèle le plus grand nombre de maisons de bienfaisance contrôlées par l'Entraide nationale. Ce sont près de 158 institutions dans cette région, soit, plus de la moitié de l'effectif global. Les pensionnaires sont près de 14.433 personnes. Cette journée d'étude a également été axée sur les ressources financières, humaines, ainsi que les contraintes de gestion et enfin, l'état de l'encadrement de ces maisons. Parmi les failles qui existent dans le système de gestion de ces institutions, l'accent a été mis sur les déficit patent en matière de ressources humaines. C'est là où il faut certainement consentir des efforts particuliers. Actuellement, dans les 500 institutions abritant 46.794 pensionnaires, il existe 3.493 formateurs soit 7 employés en moyenne par établissement pour 100 pensionnaires. Très peu par rapport au nombre total de pensionnaires. Ainsi, parmi les points soulevés dans l'enquête réalisée par l'entraide Nationale, les acteurs de chaque institution ont fait part du besoin d'augmenter les agents formateurs. Le but serait d'arriver d'ici 3 ou 4 ans à obtenir 21 formateurs pour 100 pensionnaires. Ce qui donnerait un total de 10.500, mais le déficit est grand, il est de 7500 agents formateurs. En ce qui concerne l'état actuel de financement des maisons de bienfaisance, là aussi, les défaillances ne manquent pas. Le cout moyen de dépense journalière par pensionnaire est d'à peine 9,33 DH. Cependant, pour pouvoir atteindre un niveau de fonctionnement satisfaisant, il faudrait que cette dépense passe à au moins 15DH par personne. Ainsi, pour l'année 2004, les dépenses totales auraient dû atteindre 251. 850.000 DH. Le gap se rapproche de 126.400.000 pour l'année 2004. Pour la mise à niveau des maisons de bienfaisance, le directeur de l'entraide nationale, Mohamed Talbi, a mis l'accent sur la nécessité d'augmenter l'enveloppe budgétaire de ces institutions. «Dans un délai de trois ans on devrait arriver à un total de dépenses annuelles de 126 millions de DH». Et d'ajouter : «Le financement de cette enveloppe peut provenir de différentes sources dont le Fonds Hassan II pour le développement économique et social. Un autre changement, dans le cadre de la restructuration qui vient d'être lancé dans la foulée du scandale de Aïn Chock, porte sur la création d'une Fédération nationale des associations de bienfaisance dont le président devrait être élu hier. Cette instance aura pour but « de coordonner les activités de ces maisons de bienfaisance au niveau national». Selon Mohamed Talbi, cette instance aura pour mission de gérer les audits qui viseront dans un premier temps 250 associations. En somme, le mot d'ordre de cette journée d'étude sur les maisons de bienfaisance : «Combler les déficits et traquer les dysfonctionnements».