Les quotas voulus par l'Union européenne pour contrer les exportations chinoises de textile ne sont pas pour plaire à la Chine. Cette dernière a averti mardi que les relations commerciales sino-européennes pourraient être affectées en cas de mesures restrictives. Le torchon brûle entre Bruxelles et Pékin. Au cœur de la discorde, les exportations chinoises de textile en direction de l'Union européenne. Cette dernière voit d'un très mauvais œil l'augmentation globale de plus de 50 % de ces produits textiles au premier trimestre 2005. Les hausses les plus remarquables sont les pull-overs (+ 534 %) et les pantalons pour hommes (+ 413%). Une situation résultant essentiellement de la fin du système mondial de quotas sur les exportations de textile le 1er janvier dernier, et l'expiration des accords multifibre (AMF) qui régulaient le marché dans le cadre de l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Ce qui a poussé Bruxelles, sous la pression des industriels de nombreux pays, français notamment, à envisager imposer des quotas à ces produits. Le Commissaire européen au Commerce, Peter Mandelson, en visite ce début de semaine en Chine, a exhorté mardi les responsables de ce pays à limiter eux-mêmes ces exportations de textile, au risque de s'exposer à des mesures de sauvegarde européennes. Des mesures demandées par treize pays membres, dont la France, le Portugal, l'Italie, la Pologne et la Lituanie. Et ce n'est pas tout, la dernière sortie de la Commission européenne a jeté de l'huile sur le feu, après l'annonce jeudi, d'une procédure d'enquête sur certaines catégories d'articles dont les importations en provenance de Chine ont particulièrement beaucoup augmenté. Neuf catégories de vêtements sont concernés, dont les t-shirts, les pull-overs et les manteaux féminins. «Nous demandons à la Chine de modérer la montée en puissance de ses exportations et que, dans le cadre de l'OMC, soit vérifié qu'on soit bien dans un échange loyal », a déclaré Patrick Devedjian, ministre français de l'Industrie en commentant l'entame de la procédure. Cette enquête est considérée par les spécialistes comme un premier pas vers l'imposition d'éventuelles mesures de sauvegarde, prévues jusqu'en 2008 par les dispositions sur l'entrée de la Chine dans l'OMC. La réaction chinoise ne s'est pas fait attendre. « La Chine est fermement opposée aux limitations imposées par d'autres pays », avait déclaré à Jakarta le ministre chinois du Commerce, Bo Xilai, cité par l'agence Nouvelles de Chine. Pour ce qui est de l'ouverture de l'enquête européenne, Pékin avait estimé qu'en agissant de la sorte, l'Union européenne « viole les principes de base de libre-échange » prônés par l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Les responsables chinois sont allés jusqu'à mettre en garde contre une dégradation de ses relations commerciales avec l'UE si Bruxelles continue sur le chemin du protectionnisme. « Nous espérons que l'UE est consciente de l'impact négatif qu'aurait cette décision et qu'elle s'abstiendra d'influencer le commerce bilatéral en agissant unilatéralement », a pour sa part averti le porte-parole du ministère du Commerce, Chong Quan.