LUE et la Chine sont parvenues à un compromis sur le textile, mettant ainsi un terme au conflit qui les oppose depuis plusieurs semaines. Laccord prévoit le déblocage des 80 millions darticles retenus dans les entrepôts européens. En contrepartie, la Chine accepte que la moitié de ceux-ci soit déduit des quotas dexportation pour 2006. Le feuilleton du conflit sino-européen a duré plusieurs semaines. Les Européens ont procédé au blocage des produits chinois qui, selon eux, ont inondé le monde entier. Ils avancent par la même occasion que la Chine est principalement responsable du chômage en Europe. En prenant lexemple de la Belgique, lindustrie du vêtement et du textile emploie 36.000 personnes, soit trois fois moins quen 1975. Après ce tohu-bohu, lUnion européenne et la Chine ont conclu un arrangement négocié qui permettra de libérer en volume les importations des textiles chinois sur le marché européen jusquà la fin de 2008. Selon la Commission européenne, cet accord permettrait une croissance raisonnable des exportations textiles chinoises vers lUE sur la période 2005-2007 tout en donnant le temps nécessaire pour sadapter à lindustrie textile européenne. Des millions de pièces de textile chinois ont été enfin débloqués dans les ports européens. Les vingt cinq États membres de lUE, même les plus critiques ont soutenu mardi dernier, le principe de la démarche du commissaire européen au Commerce, mais ont demandé par la voix de la ministre déléguée au Commerce, Christine Lagarde, des «clarifications» sur ses modalités pratiques. La Commission a dit espérer obtenir un accord dici le début de la semaine prochaine, mais celui-ci a finalement eu lieu mercredi dernier, après que Bruxelles ait fourni aux Etats membres des assurances sur la gestion future des quotas avec la Chine. Le fardeau sera ainsi partagé entre la Chine et lEurope de façon amicale. Cet accord fut qualifié par le commissaire européen au Commerce déquitable et équilibré. Daucuns prétendent que la contrepartie du déblocage est lachat par la Chine davion Airbus. Tout est possible dans la mesure où lEurope, comme les Etats-Unis, défend ardemment ses positions quand ses intérêts entrent en jeu. Depuis plus dun siècle, lEurope occidentale et les Etats-Unis inondent le tiers-monde de leurs produits, ce qui a ralenti le développement industriel de ces pays. Aujourdhui, alors que la Chine, lInde et le Brésil se libèrent de cette situation, quils bâtissent leur propre industrie et quils produisent pour le marché mondial, les grands patrons européens et américains poussent des cris dorfraie. Quel sort pour les pays fournisseurs de lEurope ? Les pays les plus touchés par la déferlante des importations chinoises sont les fournisseurs de lEurope comme le Maroc qui fournit traditionnellement le marché communautaire. Depuis labolition des quotas, le Maroc a vu ses exportations samenuiser pour les tee-shirts de 8%. Lhistoire du blocage des produits textiles chinois dans les ports a mis du baume dans le cur des opérateurs marocains. Mais encore une fois la donne a quasiment changé. Un nouveau règlement a été publié mardi dernier dans le journal officiel de lUnion européenne et les opérations de déblocage ont commencé hier. Secteur névralgique, le textile ne devrait plus être à la merci des aléas extérieurs. Le secteur a une capacité à se repositionner. Comme la annoncé Salaheddine Mezouar, ministre de lIndustrie, du Commerce et de la Mise à niveau de léconomie «le secteur peut se maintenir durablement dans une position de croissance et de développement, même sil ne fera pas plus de 30 à 40 % des exportations industrielles du pays». Le métier devra être fait autrement. Il ne sagit plus dapporter un modèle et de lintroduire dans la chaîne de fabrication. Les donneurs dordre nattendent plus cela du Maroc depuis 5 à 6 ans. Travailler dans une rude concurrence nécessite une réactivité permanente. Il ne faut pas rester réceptifs et attendre que les intérêt des Européens ou des Américains soient menacés pour que les pays démunis en profitent.