Ils étaient plusieurs centaines de milliers de Mauritaniens à acclamer le président Maaouiya Ould Sid'Ahmed Taya, au lendemain de l'échec de la tentative de putsch. Plusieurs centaines de milliers de citoyens mauritaniens étaient descendus spontanément dans la rue lundi pour acclamer le président Maaouiya Ould Sid'Ahmed et fêter l'échec de la tentative de putsch lancée la veille par des mutins de l'armée. Dans une brève intervention radio télévisée, le chef de l'Etat, qui a reçu un message de soutien de SM le Roi Mohammed VI, avait levé toute incertitude sur son sort, annonçant la mise en échec de ce putsch tenté par des officiers de l'armée nationale, qui, a-t-il dit «avaient mis la main sur une unité comprenant essentiellement des blindés». Tout avait commencé dimanche, vers 02h00 du matin. Khalid Chati, le responsable de l'agence MAP à Nouakchott est tiré de son sommeil par le violent fracas des obus tirés par chars T-55 en direction de la présidence. Quelques vitres de son logement volent en éclats. Il se saisit aussitôt de son téléphone et appelle la «centrale» pour rendre compte de la situation. Situé dans le quartier résidentiel de Tafragh Zeina, le bureau de l'agence est pratiquement en vis-à-vis avec la présidence de la République islamique de Mauritanie. C'est dire si le journaliste marocain, qui a couvert l'événement en direct, était aux premières loges. Et que ses premières dépêches rédigées dans l'obscurité à la seule lumière de son ordinateur, seront reprises par plusieurs agences et radios internationales. La présidence a été encerclée et les blindés continuaient de tirer leurs obus de 128 mm auxquels ripostaient des tirs nourris. La présidence sera prise d'assaut, mais le président n'y était plus. On apprendra plus tard que le ministère de l'Intérieur, l'état-major, la caserne de la Garde nationale ont été neutralisés, de même que l'aéroport. Seuls la police, des gendarmes et quelques éléments de la garde nationale étaient encore en état de réagir, dans ce chaos indescriptible. Vers 03h00 du matin, un petit avion qui survolait la présidence a été pris pour cible par les tirs de la DCA. A 05h00, les mutins maîtrisaient pratiquement la capitale. Et les forces loyalistes guettaient avec anxiété des renforts de paras venus de la ville d'Atar, la ville natale du président Ould Taya, distante de 200 km au Nord-Est de la capitale. Etaient également attendues, des forces spéciales venues de Rosso au Sud. Les mutins ont décidé de les attendre à l'entrée Sud de Nouakchott. Ce sera le tournant des événements. Des carcasses calcinées de char, des obus non explosés et bien d'autres débris attestaient la violence de la bataille, qui a duré plusieurs heures et qui a tourné à l'avantage des forces loyalistes. Dimanche soir, peu après minuit, les autorités avaient annoncé la fin de la tentative de coup d'Etat et l'arrestation ou la reddition de tous les mutins. Elles avaient également désigné un colonel radié de l'armée, Salah Ould Henena, comme instigateur de la tentative de putsch. Considéré comme un baasiste, celui-ci avait appelé à la rupture des relations diplomatiques entre son pays et Israël. On ne sait toujours pas s'il est mort ou blessé. Le numéro deux du 2ème bureau (renseignement militaire) de l'armée mauritanienne et co-auteur de la tentative de putsch Mohamed Ould Cheikhna a été tué durant les combats entre loyalistes et putschistes. Vers 06H00 lundi, des tirs d'armes automatiques et lourdes reprenaient dans le centre-ville, semant de nouveau le doute et la panique parmi la population. Selon une source gouvernementale, il s'agissait de mutins qui, au lever du jour, avaient tenté de s'enfuir, déclenchant des tirs de l'armée régulière. Environ quatre heures plus tard, les tirs ont cessé, et des milliers de personnes sont descendues dans la rue pour fêter la victoire loyaliste. Le colonel Ould Taya, 62 ans, est arrivé au pouvoir par un coup d'Etat en décembre 1984, avant d'être élu en 1992 et réélu en 1997. Son parti a annoncé en mai sa candidature à la prochaine présidentielle, prévue le 7 novembre.