La Mauritanie retrouve le calme après un week-end marqué par des affrontements entre les forces loyalistes et les putschistes. Il s'agit de la plus grave crise qu'a affrontée le président Maaouiya Ould Taya depuis son arrivée au pouvoir en 1984. Après un week-end noir, la Mauritanie semble retrouver le calme. Lundi, en fin de matinée, les forces loyalistes sont parvenues à maîtriser la situation. Juste après, les habitants sont descendus dans les rues en chantant la gloire du président Maaouiya Ould Taya et brandissant ses portraits. Dans la nuit de dimanche, le ministre de la Communication Hammoud Ould Mhamed avait annoncé à des agences de presse la fin de la tentative de putsch lancée samedi et l'arrestation des derniers insurgés. Mais vers 6 heures du matin de lundi, les combats avaient repris et duré environ quatre heures. Selon des sources gouvernementales, il s'agissait de mutins qui, au lever du jour, avaient tenté de s'enfuir, déclenchant des tirs de l'armée régulière. Le président mauritanien, qui a affronté la plus grave crise depuis son arrivée au pouvoir en 1984, ne s'était pas encore manifesté en fin de matinée, au moment où son directeur de cabinet a été vu dans sa voiture officielle se rendant au palais présidentiel. De même certains ministres se dirigeaient eux aussi vers leurs bureaux et le ministre de la Communication visitait les locaux des médias officiels pour signifier au personnel le retour à la normale et inviter tout le monde à reprendre le travail. Le calme est revenu à la capitale mauritanienne. La radio nationale n'a toujours pas repris l'antenne, probablement en raison des actes de pillage dont elle était la cible dimanche. Ces actes de vandalisme, ayant touché plusieurs établissements publics, avaient été perpétrés par des détenus qui s'étaient évadés de la prison de Nouakchott. Un grand nombre parmi ces détenus serait arrêté par la police mauritanienne, restée loyale au président depuis le déclenchement des hostilités. Selon des sources concordantes, le président mauritanien Ould Taya dirigeait en personne les opérations contre les militaires putschistes, démentant ainsi les rumeurs qui ont laissé entendre dimanche en début d'après-midi que le président mauritanien s'était réfugié à l'ambassade de France ou Américaine. Dans la nuit de samedi à dimanche, des soldats dissidents avaient pris d'assaut la présidence. Cette tentative de putsch serait conduite par Salah Ould Hnana, un colonel de la division des blindés radié de l'armée mauritanienne l'année dernière. Ce dernier, qui bénéficierait de complicité au sein de la division des blindés et de l'armée de l'air, est connu pour des idées «baathistes», rapporte l'agence MAP, citant un officier supérieur de la gendarmerie. Mais, jusqu'à présent aucune déclaration officielle n'a été faite de la part des autorités mauritaniennes, sur cette tentative de putsch qui intervient dans une conjoncture marquée par la répression des islamistes et d'hommes politiques proches de l'ex-président irakien Saddam Hussein. Trente-deux dirigeants islamiques ont été inculpés récemment pour atteinte à la sécurité nationale. Selon des sources policières, ils sont soupçonnés d'avoir des liens avec un réseau islamiste étranger. Il est à souligner que le Président mauritanien Maaouiya Ould Taya, qui a le grade de colonel, a pris le pouvoir en 1984 à Nouakchott avant de remporter des élections présidentielles en 1992 et en 1997. Le chef de l'Etat, devrait vraisemblablement briguer une nouvelle fois la magistrature suprême cette année. Le pays, qui compte à peine trois millions d'habitants, vit principalement de la pêche et de l'exploitation minière. Depuis juillet 1991, le pays dispose d'une constitution démocratique et a vu l'émergence d'un multipartisme intégral et d'une liberté d'expression et de presse. Des élections multipartites, avec des candidatures multiples, ont été organisées.