Sûr d'être primé ? Pas vraiment ; avoir le grand prix ? Là, il n'en revient pas. Sûr d'être primé ? Pas vraiment ; avoir le grand prix ? Là, il n'en revient pas. Jilali Ferhati, ému d'être distingué à la 12ème édition du Festival international du cinéma méditerranéen de Tétouan n'était pas une surprise pour beaucoup de gens, pour la simple raison que ce n'est pas étonnant de la part d'un réalisateur qui sait ce qu'il fait, maîtrise bien ses outils de fabrication de films. D'ailleurs, il prend bien son temps pour en faire un; au moins entre deux productions, juste le temps de reprendre son souffle. Certes, il est dur d'être réalisateur dans un pays où l'on est à la merci de la commission du Fonds d'aide à la production et où la distribution des films marocains n'est pas la tasse du thé de nos distributeurs branchés sur ¨le cinéma d'outre-mer, encore moins la production faute de sociétés productrices dans le secteur artistique. Ce qui oblige nos fanatiques du 7ème art à aller voir ailleurs et spécialement chez nos amis Français pour leur donner un coup de pouce. C'est par amour alors que Jilali, Saâd, Daoud, Noureddine et les autres parviennent à réaliser leur rêve et arriver à fabriquer des films. Une vraie aventure que celle de se lancer dans un métier qui est loin d'être structuré et avantagé,certains d'entre eux misent tout pour pouvoir finaliser leurs films. Un produit qui marchera et sera au box-office des salles de cinéma ou qui sera boudé par le public ; un autre problème qui s'accentue avec l'émergence du piratage et le commerce fleurissant des C.D qui inondent les marchés sans la moindre pénalité et qui se fait en plein jour et sous les yeux des autorités censées être vigilantes dans le sens de stopper ce fléau qui nuit terriblement au cinéma en général. Notre réalisateur actuellement en tête d'affiche avec «Mémoire en détention» avec une brochette d'acteurs bien mis en place. Il a déjà accroché plus d'un public avec en première entrée «Une brèche dans le mur» en 1977, «Poupées de roseau » en1981, «La plage des enfants perdus» en 1991 et «Chevaux de fortune» en 1995. «Mémoire en détention» a donc marqué son retour encore une fois en tant qu'acteur et réalisateur. Fidèle à son créneau, plutôt à caractère social, il s'intéresse de plus en plus aux gens qui vivent au ban de la société ; cette catégorie marginalisée aux moult problèmes. Cette fois-ci, c'est un flash- back qui lui rappelle des moments difficiles des années de plomb vécus par un jeune délinquant et un ex-détenu. Des souvenirs qui pèsent gros sur la mémoire d'un réalisateur engagé, une idée qui a mûri avec le temps et encouragée par une certaine liberté d'expression, et qui a vu le jour en 2005. Epris aussi de la scène, et amoureux de sa passion d'acteur, il tient toujours à se réserver une place dans ses films, des rôles qu'il interprète sans peine. C'est aussi une mission pas facile à exécuter avec toute l'attention qu'il doit porter à la réalisation et la magie pour être gérée par lui-même, acteur et réalisateur. Ce qui n'est pas du tout évident de marier deux tâches différentes, mais Jilali le fait, et à chaque fois il marque un point. Le fait qu'il soit primé, -il l'a déjà été en 1992 avec «Les enfants de la plage perdus» à l'IMA de la première Biennale des cinémas arabes à Paris, ne revêt en aucun cas un événement dans la carrière du héros de son film. Cette distinction ne risque donc pas d'être la dernière dans la mesure où il assume la responsabilité d'être musicien et chef d'orchestre, Modeste, Jilali Ferhati a déclaré aux médias avant les résultats du Festival de Tétouan qu'il n'était pas sûr d'avoir un prix ; vu le nombre de films assez intéressants en lice. Seulement, il en obtenu, non un, mais deux. Et ce n'est pas une fleur qu'on lui a faite, il mérite largement cette distinction aussi pour sa générosité auprès des acteurs avec qui il travaille. Mohamed Merouazi peut le confirmer. • Amina Barakat Rabat