La démarche du journal mis en cause touche à la vie privée d'un membre de la famille royale qui dans la tradition marocaine n'est pas une matière journalistique. Une nouvelle affaire est en train d'agiter le landernau journalistique national. Il s'agit du dossier réalisé par notre confrère arabophone “L'Autre Journal“ dans son édition du 6 avril 2005 sur SAR la Princesse Lalla Salma. Un dossier pareil ne pouvait pas passer inaperçu. Loin s'en faut. D'ailleurs, il a valu au responsable de la publication une réaction immédiate du directeur du protocole royal Abdelhak Lamrini qui, dans une lettre datée du 7 avril a désapprouvé vertement les articles publiés, considérant que tout ce qui touche à la famille royale relève des compétences du ministère de la Maison royale, du Protocole et de la Chancellerie. C'est clair, net et précis. La démarche du journal mis en cause touche à la vie privée d'un membre de la famille royale qui dans la tradition marocaine n'est pas une matière journalistique. Mieux, un journal en général, pas seulement au Maroc mais dans beaucoup de pays du monde, n'a pas le droit d'aborder la vie personnelle des gens quel que soit leur rang. Autrement, il tombe sous le coup de la loi. Et puis, s'agissant de SAR la Princesse Lalla Salma, le problème est encore plus grave. D'abord, elle n'a pas demandé à «L'Autre Journal» de parler d'elle et de ce qu'elle fait. Ensuite, communiquer sur son image, quand on est un Prince, une star ou une personnalité célèbre, est un acte très délicat qui se négocie au préalable avec le support médiatique dans le cadre d'un ensemble de procédures. Une fois, les articles faits et les photos prêtes, ils sont validés par l'intéressé ou son agent. C'est comme cela que ça se passe ailleurs dans les magazines “people“, ce qui n'est pas au demeurant la vocation de «L'Autre Journal». Rien de tout cela n'a été respecté dans le dossier de “L'Autre Journal“. Les auteurs de ce dernier l'ont réalisé en se basant sur les témoignages des autres. Effectivement, la méthode de notre confrère pose plus d'un problème de forme. Réagissant à la mise au point de M. Lamrini, le directeur de la publication estime que les articles incriminés “ ne portent nullement atteinte à la vie privée“ de SAR la Princesse Lalla Salma et que bien au contraire ils ont “donné une image positive d'une Princesse marocaine en phase avec son époque…“ Il ne s'agit pas de dire du bien ou du mal d'une personnalité, de lui tresser des lauriers ou de la descendre en flammes. Le problème de fond ici c'est que le sujet doit être consentant pour qu'il soit à la Une d'un journal avec des détails sur sa vie privée. En écrivant sur lui sans son accord, on porte atteinte à sa liberté. Certes, la bonne foi des responsables de la publication n'est pas mise en cause dans cette affaire, sauf peut-être qu'ils ont cédé à leur tour à la tentation de “briser les tabous“, se glissant dans la peau d'explorateurs de nouveaux domaines journalistiques. Le métier d'informer a des limites que le législateur marocain doit préciser davantage en appliquant la loi. Sinon, c'est la porte ouverte aux dérives que le paysage médiatique national a déjà connues.