Après s'être enivré, un homme de 32 ans a conduit le fils de ses voisins, âgé de 5 ans, dans sa chambre pour le violer. Un acte qui lui vaut six années de réclusion criminelle. Chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca. Abdelmajid B., âgé de trente-deux ans, célibataire et mécanicien de son état, se tenait, au banc des accusés devant les cinq magistrats. Le représentant du ministère public le scrutait de temps à autre, comme s'il décortiquait les traits de son visage. La salle d'audience était archicomble. L'assistance retenait son souffle. Pas une parole, pas un chuchotement. Personne ne pipait mot. Il semble que tout le monde était passionné par le dossier relatif au viol d'un mineur de moins de quinze ans et atteinte à la pudeur. «Samir, accompagné de son tuteur», appelle le président de la Cour qui a levé cette fois la tête pour lancer des regards vers l'assistance. Une jeune femme, la trentaine, en chemise blanche et jupe noire, s'est levée des sièges alors qu'elle tenait un enfant à la main. C'est lui, Samir, un bel enfant de cinq ans, en pantalon bleu, chemise blanche et tricot bleu-ciel. La jeune femme s'est avancée vers le box, alors que son enfant traînait derrière elle. Une fois la mère et son fils se sont présentés devant les magistrats, le président de la Cour leur a demandé de quitter la salle d'audience et d'attendre dans le hall de la Cour d'appel jusqu'à ce qu'ils soient rappelés une seconde fois. Les regards de l'assistance suivaient leurs pas jusqu'à la porte de la salle d'audience. Quelques chuchotements ont été entendus. Le président a demandé à l'assistance de se taire en feuilletant le procès-verbal qu'il avait entre les mains. Et il a surpris Abdelmajid qui semblait noyé dans un gouffre de mauvais souvenirs : « Tes nom, prénom, le nom de tes parents et ta date de naissance». Abdelmajid a commencé à bredouiller des mots à voix basse. Le président est intervenu : «Parle plus fort, nous n'entendons rien ». Une intervention qui a perturbé Abdelmajid qui a rougi et s'est tu pendant quelques secondes, avant de reprendre ses réponses. «Tu es accusé d'attentat à la pudeur sur un mineur de moins de quinze ans. As-tu vraiment abusé de lui?», lui demande le président de la cour. La réponse d'Abdelmajid était affirmative. Il a même raconté en détail les circonstances de son acte criminel contre l'enfant. «J'étais en compagnie de Saïd quand nous avons décidé d'acheter quelques bières et deux bouteilles de vin rouge», a-t-il déclaré à la Cour, qui écoutait ses propos avec attention. Il a précisé qu'après avoir passé quelques moments ensemble, Saïd est parti chez lui, le laissant seul dans une chambre qu'il louait depuis trois ans. Il était 17h30. Abdelmajid pensait descendre pour aller chercher une autre bouteille de vin rouge ou au moins quatre autres bières. Il est sorti de chez lui pour se rendre chez un “guerrab“. Aucun commerçant ne vend des boissons alcoolisées dans son quartier et il ne pouvait pas se rendre au centre-ville pour en acheter. Il a acheté du vin et s'apprêtait à retourner chez lui. C'est là qu'il a vu Samir qui passait devant lui. Il jouait avec des enfants de son âge du quartier. Il l'a appelé. Samir, qui est habitué à recevoir un ou deux dirhams de chez Abdelmajid l'a rejoint. Ce dernier lui a demandé de l'accompagner dans sa chambre pour lui donner les deux pièces de deux dirhams. Avec l'innocence d'un enfant, Samir l'a suivi dans sa chambre. Là, Abdelmajid a verrouillé la porte et a tendu une pièce de cinq dirhams à l'enfant. Celui-ci a tendu sa main pour la recevoir en souriant. Abdelmajid lui a tenu la main et l'a tiré vers lui. L'enfant a tenté de s'enfuir. Mais en vain. Le jeune homme s'est transformé en un monstre. Il lui a ôté le pantalon et le maillot et s'est déboutonné pour abuser de lui violemment. Son désir assouvi, Abdelmajid a mis la pièce de cinq dirhams dans la poche de Samir avant de lui demander de ne rien dévoiler à sa mère. Seulement, l'enfant lui a jeté la pièce au visage et a marché lentement, dans un état lamentable, jusqu'à l'escalier, avant de descendre les marches pour se rendre chez lui. Le père, en remarquant l'état de son fils, il s'est révolté et s'est apprêté à sortir pour se venger d'Abdelmajid. Seulement, sa femme, qui a fondu en larmes lui a demandé de se calmer et d'alerter la police. Après avoir entendu la déclaration d'Abdelmajid, le président de la Cour a décidé de dispenser la victime de présenter son témoignage. Car le mis en cause a reconnu les charges retenues contre lui. Ni le représentant du ministère public, ni l'avocat de la défense, constitué dans le cadre de l'assistance judiciaire, n'ont trouvé les mots justes pour présenter respectivement le réquisitoire et la plaidoirie. Brièvement, le premier a requis l'application de la loi et le second a demandé les circonstances atténuantes pour son client. Après avoir écouté le dernier mot du mis en cause, qui a dit regretter son acte, la Cour a délibéré et a prononcé son jugement : six ans de réclusion criminelle.