Réunis ce week-end, les délégués kabyles ont répondu à l'appel au dialogue lancé par le gouvernement par un nécessaire engagement de M. Bouteflika dans le règlement de la crise. Les Aârouchs de Kabylie n'ont vendredi dernier, lors de leur conclave, pas totalement fermé la porte au dialogue avec le pouvoir. Ils ont, en fait, estimé que la balle était désormais dans le camp du président algérien Abdelaziz Bouteflika, dont ils ont exigé un engagement officiel, notamment en reconnaissant leur plate-forme de revendications d'El-Kseur. Ils ont aussi réclamé l'arrêt du « harcèlement judiciaire » des détenus récemment libérés, la condamnation « devant des juridictions civiles » des auteurs des assassinats de manifestants ainsi qu'un programme économique spécial pour la Kabylie. Faute de quoi la situation restera au statu quo… Cette réponse des Kabyles est intervenue après que le chef du gouvernement ait lancé un appel au dialogue le 30 mai devant les députés de l'Assemblée populaire nationale (APN). Ahmed Ouyahia avait souhaité « trouver rapidement une solution au calvaire que vit la Kabylie depuis deux ans » . Une parole suivie d'un geste politique d'apaisement : la libération de la plupart des délégués du mouvement de contestation, arrêtés entre mai et octobre 2002. Revenant sur la réunion d'Amizour, El Watan notait dimanche que « le ton global du discours s'est sensiblement assoupli, et laisse présager une démarche qui donne plus de chances à une approche sereine de la crise ». Et de conclure que « pour les animateurs des archs, la balle que l'habile Ouyahia a jetée dans le camp du mouvement, a été le week-end dernier rejetée avec la même habileté dans le camp du pouvoir ». Le commentaire était sensiblement le même chez la plupart des journaux algériens, notamment le Jeune Indépendant qui relevait cette « montée des enchères » des Aârouchs. Le Matin était plus sceptique, affirmant que « Ouyahia a perdu la bataille de Kabylie » au moment où les délégués ont réclamé un engagement du président… qui les « a toujours ignorés ».