Les kabyles refusent tout dialogue avec le régime avant la libération des détenus d'opinion et la pleine satisfaction de leurs revendications. La Kabylie continue de vivre au rythme des grèves et des manifestations. «Belaïd Abrika dément l'information sur sa disposition au dialogue» avec le gouvernement. C'est sur cette polémique que les principaux journaux algériens sont revenus mardi après la parution la veille par deux quotidiens arabophones, d'un entretien allant dans le sens contraire. Interrogé par En-Nasr et El-Ahrar, Belaïd Abrika, l'un des principaux animateurs de la coordination Aârouch dans la wilaya de Tizi-Ouzou, aurait alors répondu être «disposé» à entamer un dialogue avec les autorités, comme proposé samedi par le premier ministre Ali Benflis, sur la crise kabyle. Mais depuis, les communiqués et les mises au point se sont multipliés. Au «Jeune Indépendant», qui avait relayé les entretiens en question, M. Abrika a déclaré n'avoir «jamais eu de contacts, ni de près ni de loin, avec les journalistes d'El-Ahrar et En-Nasr». Belaïd Abrika a estimé qu'il était «victime d'une machination grotesque, de pratiques mesquines et de bassesses politiciennes qui obéissent à une logique que le mouvement citoyen a toujours combattue énergiquement». Dans les colonnes des journaux, on retrouvait mardi le même message : «je ne suis pas un renégat». Le Jeune Indépendant a d'ailleurs voulu «rappeler» qu'El-Ahrar est «proche du FLN» et qu'En-Nasr est un «organe public» - qui a confirmé la véracité des propos tenus par Abrika. Le Matin n'a de son côté pas hésité à parler d'une «grosse couleuvre, certainement difficile à avaler lorsqu'on connaît la position radicale du délégué (…) et surtout son profond attachement à la plate-forme de revendications d'El-Kseur». Malgré cette polémique, l'ensemble des comités et délégations kabyles semblaient mardi unanimes sur un point : le refus de toute ouverture. Le Comité de la société civile d'El-Kseur a ainsi affirmé qu'il n'existait aucun contact avec le gouvernement, et que son organisation «rejetait tout dialogue avant la libération de tous les détenus d'opinion et la satisfaction pleine et entière de la plate-forme d'El-Kseur» (qui rassemble toutes les revendications kabyles). En soulevement depuis plus d'un an et sous la menace d'une véritable implosion depuis mars dernier, la Kabylie continue par ailleurs de vivre au rythme des grèves et des manifestations. Tizi-Ouzou est en grève illimitée depuis le 2 juin dernier dans la totalité des secteurs publics. A Béjaïa, douze participants des récentes émeutes ont été condamnés lundi à des peines allant d'un an d'emprisonnement avec sursis à 6 mois de prison ferme. Et tandis qu'à l'Est la population continue de bloquer toute activité économique et politique, plus à l'Ouest, les islamistes s'acharnent, eux, à terroriser les habitants. Deux personnes ont encore été assassinées et deux autres blessées dans la nuit de dimanche à lundi, lors d'un faux barrage dressé près de Souhane, wilaya de Blida. Cette attaque fait suite à une incursion menée samedi à Larbaâ et qui s'est soldée par deux morts et deux blessés. S'il doit absolument résoudre la crise kabyle, le prochain gouvernement FLN -dont la composition devrait être annoncée jeudi- devra de façon urgente apporter une réponse au fléau islamiste.