Nous sommes à la chambre criminelle près la Cour d'appel de Meknès. Au box des accusés se tient, ce premier mercredi du mois courant, un jeune homme âgé de trente-huit ans. Calme et tête baissée, il semble qu'il pense à ses deux petits enfants qui les a rendus, contre leur gré, orphelins de leur mère. Effectivement, quand les trois juges lui demandent s'il regrette son acte, il répond par l'affirmative. Il regrette surtout et d'abord d'être vite allé en besogne alors qu'il n'avait aucune preuve tangible contre sa femme qu'il accusait d'infidélité. Des accusations fondées sur des soupçons ni plus ni moins. Et ensuite, parce qu'il a privé ses deux enfants de leur mère alors qu'ils en ont encore énormément besoin et enfin de leur père qui risque de passer sa vie en prison. Mais, le regret ne change rien à une réalité amère, celle d'avoir mis un terme à la vie d'un être humain, qui plus est, son épouse, âgée de vingt-sept ans le matin, très tôt, de ce mardi 21 mai 2019. Les discordances qui ponctuaient la vie du couple remontent à quelques mois auparavant. Depuis le jour lors duquel il a accusé sa femme de le tromper avec son cousin. Une chose qu'elle a rejetée catégoriquement. Mais il ne la croyait pas. Ne supportant plus ses paroles qui portaient atteinte à son honneur, elle a décidé de quitter le foyer conjugal, situé au douar Aït Haddou Ou Saïd relevant du Cercle Sidi Addi, dans la commune rurale Sidi Al Makhfi, province d'Azrou, pour aller, en compagnie de ses deux enfants, rejoindre ses parents à Taourirt. Après quelques semaines de séparation, des proches ont convaincu l'épouse de retourner au foyer conjugal. Malheureusement, le mari continuait de croire dur comme fer à l'infidélité de sa femme et cette fois-ci il a décidé de «laver» son honneur. Ce mardi 12 mai 2019, vers 5h du matin, en plein mois de Ramadan, alors que l'épouse plonge dans un profond sommeil, le mari descend du lit pour aller à la cuisine. Il s'arme d'un grand couteau avant de retourner à la chambre à coucher. Rapidement, il met un oreiller sur son visage avant de l'égorger comme un mouton. Ensuite, il va chercher son cousin mais il ne le trouve pas chez lui. Alors il enfourche son vélomoteur et se rend directement aux éléments de la gendarmerie royale d'Aïn Louh. Il leur raconte toute l'histoire comme il l'a relatée, dix mois plus tard, devant les magistrats de la chambre criminelle près la Cour d'appel de Meknès. Verdict : Jugé coupable pour homicide volontaire avec préméditation et guet-apens, le mis en cause a été condamné à la perpétuité.