Placé sous le Haut patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le Festival « Les nuits de la Méditerranée », aura lieu du 20 juin au 5 juillet à Tanger et ses environs. Cet événement musical cristallise un partenariat réussi entre un Institut français et une association de la société civile. L'expérience est rare. Un Institut français initie une manifestation artistique, et en partage la gestion avec une association de la société civile. «C'est une première !», dit Larbi R'Miki, président de l'association en question. Il s'agit de «Tanger-région action culturelle» qui cogère avec l'Institut français de Tanger (IFT) les «Nuits de la Méditerranée». Cette manifestation musicale, qui en est seulement à sa troisième édition, a vu son budget augmenter, pratiquement sept fois, en trois ans. La première édition a coûté 400 000 DH, la deuxième 1,5 million de DH et le budget de la troisième s'élève à 2,5 MDH. Les financements ont été rendus possibles grâce à la cogestion franco-marocaine. «C'est un excellent travail de partenariat. L'IFT a besoin de nous autant que nous ne pouvons pas nous passer de ses services», précise Larbi R'Miki. L'apport principal de l'Institut français consiste, selon lui, en la logistique. Et le fait qu'une association marocaine cogère la manifestation convainc plus aisément les sponsors. Avec 400 000 DH, l'ONA vient en tête des sponsors du festival. On trouve aussi d'autres partenaires, dont la présence est très significative de l'intérêt qu'ils accordent à cette manifestation dans le développement de la région. L'Agence du Nord y contribue à hauteur de 100 000 DH. Et les pouvoirs publics ne sont pas en reste. Le Conseil régional Tanger-Tétouan a versé 250 000 DH, la Communauté urbaine de Tanger 60 000 DH et la Commune urbaine Tanger-Médina, 50 000 DH. «Notre association compte faire de la culture un pôle de développement dans la cité», précise dans ce sens Larbi R'Miki. Jean-Luc Larguier, à la fois directeur de l'Institut français de Tanger et directeur artistique des Nuits de la Méditerranée, défend l'aspect régional de l'événement.« Notre souci est d'inscrire le festival dans la région, de façon à ce que les habitants du Nord se l'approprient », dit-il. D'ailleurs, plusieurs villes du Nord sont concernées par les Nuits de la Méditerranée. En plus de Tanger, Tétouan, Larache et Chefchaouen accueilleront des concerts. Artistiquement parlant, le concept fondateur de cette manifestation repose sur les musiques traditionnelles du monde. «Elles sont fragiles, mais essentielles. Parce qu'elles ne cessent d'interroger le mystère d'une composante qui réunit tous les hommes : la mélodie», précise Jean-Luc Larguier. Nombre des artistes invités sont peu connus du grand public. «Il n'y a pas de tête d'affiche. Tous les artistes sont importants. Le festival fait appel à des artistes très importants, mais qui ne fréquentent pas dans les circuits du show-biz», explique le directeur artistique de la manifestation. Au demeurant, chaque nuit de la Méditerranée est axée sur un thème au nom évocateur. La nuit de la paix est dédiée aux musiques participant de la quiétude. Elle sera animée par le luthiste marocain Saïd Chraïbi, l'ensemble Ibn Arabi du Maroc et Keyvan Chemirani d'Iran, ainsi que l'Iraquienne, dotée d'une voix puissante et pure, Farida Mohammad Ali. La nuit du raï sera exclusivement dédiée à Fatah, la jeune étoile franco-algérienne. La nuit des voix de femmes verra la participation de trois pays. Le Maroc, avec Ihsan R'Miki, l'Italie avec Marina Pittau et l'Egypte avec Cheikha Sabbah. La nuit mystique ne mésalliera pas avec le festival des musiques sacrées de Fès. L'ensemble Al-Shushtari et Ahmed Sahin (Maroc/ Turquie), de même que les derviches tourneurs de Damas promettent des hauteurs insoupçonnées aux spectateurs. La nuit africaine sera quant à elle rythmée. Les Slimaniyates, qui sont le pendant féminin des Abdat R'ma, et Keur Sénégal mettront à l'honneur les instruments à percussion lors de cette soirée. Du rythme, il sera également question pendant la nuit latino avec Aba Raz du Maroc et Nelson Rojas et Bulenga du Vénézuéla. La nuit gitane et flamenco sera consacrée à l'une des expressions musicales typiques de la Méditerranée. Pedro Soler, Pepe de Granada et les gitans de Perpignan chanteront et joueront des mélodies qui se transmettent depuis plusieurs générations. Et enfin, la manifestation sera clôturée avec la nuit marocaine. Durant la dernière soirée, les Ahwach berbères de Aït Itkel et Nass El Ghiwane inscriront dans le Royaume les différents concerts, tout en donnant rendez-vous au public pour l'année prochaine. La manifestation dure quinze jours. Interrogé sur la durée un peu longue du festival, son directeur artistique répond : «Comme nous sommes perfectionnistes, nous tenons à ce que les artistes viennent un jour ou deux avant les concerts. Qu'ils répètent ensemble et opèrent les réglages techniques avant de se produire devant le public !»