Les services de renseignement américains mettront des années à se remettre des atteintes à leur crédibilité générées par l'absence d'armes de destruction massive (ADM) en Irak, affirme un rapport remis jeudi au président George W. Bush. Un rapport publié jeudi une commission spéciale désignée par le président George W. Bush estime que les services de renseignement américains avaient "complètement tort" dans leur jugement sur les armes de destruction massive que les Etats-Unis accusaient l'Irak de détenir. Ce document très critique affirme également que les autorités américaines savent peu de choses sur les programmes d'armement de pays qui pourraient constituer une menace pour les Etats-Unis. La commission avance plus de 70 recommandations et affirme que George W. Bush devra donner à John Negroponte, le nouveau grand patron du renseignement américain, de plus larges pouvoirs pour superviser les 15 agences spécialisées du pays, à commencer par la CIA. Elle préconise notamment des changements radicaux au FBI pour combiner les ressources de la lutte contre le terrorisme et le contre-espionnage en un seul service. La version "déclassifiée" du rapport ne rentre pas dans le détail sur les capacités du renseignement américain concernant l'Iran et la Corée du Nord, deux pays dans le collimateur de Washington. Ces informations figurent en revanche dans la version confidentielle du rapport. La commission a été créée par M. Bush il y a un an pour tenter de comprendre l'échec des services secrets américains qui s'étaient trompés en affirmant que l'Irak possédait des stocks d'armes de destruction massive. La détention d'ADM avait été la principale justification avancée par l'administration Bush pour justifier l'invasion de l'Irak en mars 2003. "Nous concluons que la communauté du renseignement a eu complètement tort dans presque tous ses jugements d'avant-guerre sur les armes de destruction massive de l'Irak", souligne la commission. "Cela a été un échec majeur du renseignement." La principale cause, souligne la commission, a été son "incapacité à collecter de bonnes informations sur les programmes d'ADM de l'Irak, de graves erreurs d'analyse (...) et un échec à indiquer clairement quel part de son analyse était fondée sur des suppositions plutôt que sur des preuves". "Sur un sujet de cette importance, nous ne pouvons pas nous permettre des échecs de cette ampleur", fustige le rapport