La chanteuse libanaise Sabah est au Maroc. Invitée par le Syndicat libre des musiciens arabes, ALM l'a rencontrée à Casablanca. Entretien. ALM : Le Syndicat libre des musiciens arabes vous a rendu un hommage samedi dernier au cinéma Rialto. Quel regard portez-vous sur la musique marocaine ? Sabah : En parlant de musique marocaine, j'avais auparavant chanté aux côtés du célèbre musicien et compositeur Abdelaouhab Doukkali. Le public marocain doit sûrement se rappeler lorsque j'ai interprété en duo la chanson : «Ma ana ila bachar» de ce compositeur. C'était une expérience très enrichissante pour moi, d'autant plus que j'ai une relation assez particulière avec le public marocain. C'est un public chaleureux que j'aime beaucoup. Pour revenir à la chanson marocaine et à la prestation des musiciens marocains, je pense réellement que ces derniers sont très sincères. Contrairement à la vague de modernisation qui frappe actuellement la musique dans le monde, le Maroc a gardé un certain respect pour la musique arabe classique. Lors du Festival de la chanson arabe qui a été organisé par le Syndicat libre des musiciens arabes du 24 au 25 mars, j'ai remarqué qu'il y avait plusieurs nouveaux noms marocains qui faisaient du « Tarab » avec un respect qui m'a beaucoup impressionné. Je trouve que ces chanteurs respectent le classicisme de la chanson arabe, contrairement à certains chanteurs de ce siècle qui, en voulant se moderniser, ôtent toute la beauté et le charme à la musique. Mais vous, vous n' appréciez aucun chanteur du monde arabe de cette nouvelle génération... Non, je n'irais pas jusque-là. D'ailleurs, je n'ai rien contre cette nouvelle génération. Je trouve que chaque temps possède son style et ses chanteurs. Le monde se modernise, évolue et les goûts aussi. C'est sûrement pour cette même raison que nous assistons actuellement à la naissance de nouveaux styles et genres musicaux. En ce qui me concerne, c'est vrai que je suis âgée, j'ai 75 ans, mais, ceci dit en passant, j'apprécie quelques chanteurs de ce siècle. J'aime bien la chanteuse libanaise Nancy Ajram, je trouve qu'elle possède une très belle voie qui séduit tout un chacun. Aussi, je cite le nom du chanteur irakien Kazem Saher que j'apprécie beaucoup. Toujours dans le cadre de la comparaison entre cette génération et la vôtre, que pensez-vous des clips télévisés d'aujourd'hui? Dans toute ma carrière artistique, je n'ai réalisé qu'un seul et unique clip télévisé. Je trouve que c'est une bonne formule mais qui possède tout de même ses inconvénients, étant donné que c'est une technologie qui rend la musique un produit purement commercial. Il y a quelques années, pour être star, il fallait passer par le cinéma. Votre apparition dans de nombreux films aux côtés, notamment, de Farid El Atrach était-ce la condition sine qua non pour vous faire connaître ? C'est vrai que dans les années 30 à 60, les musiciens et les chanteurs étaient très impliqués dans le cinéma. La plupart des comédiens de l'époque étaient des chanteurs, c'est le cas, par exemple, de Mohamed Abdelouahab, d'Asmahan, de Shadia, ou encore de Farid El Atrach. Ce même acteur qui m'a propulsée à occuper le devant de la scène artistique égyptienne, avait de nombreux fans. À l'époque, le seul moyen pour les chanteurs de se faire connaître et d'avoir des admirateurs, c'était de participer dans des films. Mais je ne pense pas que s'il n'y avait pas le cinéma, ces musiciens n'allaient pas avoir le succès qu'ils ont eu. Combien de chanteurs ont brillé, sans avoir joué dans des films. Ce n'était pas la seule condition pour être l'idole des jeunes. Pour ce qui est de mon cas, le cinéma est venu en complément à ma carrière, sans pour autant lui faire de l'ombre. Je trouve au contraire que c'était une belle expérience qui n'enlève rien à ma carrière de chanteuse. Au contraire, c'est une valeur ajoutée. En parlant de cinéma, quel est le film dans lequel vous avez joué et que vous appréciez beaucoup? Dans toute ma carrière cinématographique, j'ai joué dans 80 films. Mais le long-métrage que j'ai le plus apprécié est celui de Rochdi Abou Assem : « Al Aidi Naima ». C'est un film que j'ai adoré et dont je me souviendrais toute ma vie. Vous êtes au Maroc pour un bref séjour, est-ce que vous avez-vous des projets avec des compositeurs marocains ? Hamid Zaher m'a demandé de revenir au Maroc pour un projet commun. Il m'a proposé de chanter une chanson qu'il composera lui-même sur des rythmes marocains. Si le projet fonctionne, je chanterais sûrement à la manière marocaine.