Le syndicaliste des artistes marocains conteste vertement la programmation du futur festival de Casablanca. L'intéressé est allé jusqu'à décider d'organiser le 7 juin un sit-in de protestation devant la wilaya de la ville. S'il y a un «art» où peut exceller Mustapha Baghdad, c'est bien celui du «paradoxe». Secrétaire général adjoint d'une entité fraîchement créée, «Union des syndicats artistiques marocains» pour ne pas la nommer, il nous annonce un sit-in devant la wilaya du Grand Casablanca pour ce mardi 7 juin 2005. Il devrait y avoir quelque chose de grave. En effet, selon le pré-programme du 1er Festival de Casablanca, la priorité n'est pas accordée aux artistes marocains. Dans le communiqué, publié au nom de «l'Union» sus-mentionnée, Mustapha Baghdad crie au scandale. L'argent des contribuables serait versé sur le compte d'artistes étrangers (!). Le monsieur réduit ici la participation à sa simple expression sonnante et trébuchante. Si de prestigieux Festivals comme Carthage (Tunisie), Jarach (Jordanie), Baâlbeck (Liban), pour rester dans la sphère arabe, font appel à des vedettes internationales, ce n'est que pour gonfler les comptes bancaires de ces derniers en devises (!) M.Baghdad, vieux-nouveau dirigeant du Syndicat libre des musiciens marocains, pourrait-il expliquer pourquoi il fait venir au Maroc des stars arabes du show-biz ? On se demande en quoi Sabah, à qui son syndicat a récemment rendu hommage, peut surpasser en talent un chanteur marocain. Mais passons, il y a plus grave. Les artistes étrangers, peut-on relever dans le communiqué de l'Union de Mustapha Baghdad, véhiculeraient des «valeurs de débauche et de dépravation» ( !). Une accusation d'autant plus gratuite qu'elle ne nomme pas ces «chanteurs étrangers» invités au Festival de Casablanca susceptibles de choquer des oreilles pudiques. Cheïkha Rémiti, invitée à ce 1er Festival de la mégalopole, a-t-elle un caractère plus «dissolu» que Sabah ? Dans le communiqué, on reproche également aux organisateurs du Festival de Casablanca de ne pas avoir impliqué des artistes marocains dans l'élaboration du plateau ou plus globalement du programme. Cela, par contre, peut être compréhensible, d'autant plus que Casablanca regorge de talents qui ont beaucoup fait pour l'art national. Il suffit alors de citer Haj Younès (musique), Mohamed Afifi (comédien), Rahoule (artiste-plasticien)… Cela aurait été d'autant plus judicieux que des artistes comme ces derniers, en plus de leur maîtrise de leurs moyens d'expression artistique, ont une expérience en termes d'organisation qu'ils peuvent mettre au service d'un Festival qui en est à sa 1ère édition. Mais, pour pertinente que soit cette revendication, pourquoi M. Baghdad en fait fi au moment de la préparation de «ses» festivals ? N'est-ce pas pour cela que ces festivals se révèlent être un véritable gâchis. Il suffit, pour s'en rendre compte, de penser dans quel état se passe son festival dit de la chanson arabe. Autre paradoxe, un de plus mais cette fois de trop. Dirigeant syndical (S. G du Syndicat libre des musiciens marocains, vice-S. G de l'Union des Syndicats artistiques marocains, etc), M. Baghdad fait référence au Dahir de 1957 pour démontrer que la tâche d'un syndicat consiste à «défendre les intérêts matériels et sociaux des artistes», qu'il appartient aux associations, et donc pas aux syndicats, de vaquer à l'animation (organisation des festivals, par exemple). Or, le Syndicat libre des musiciens marocains de M. Baghdad déroge à cette règle. Le Festival de la chanson arabe, pour ne citer que cette manifestation, porte la signature du Syndicat de M. Baghdad. M. Baghdad ne se serait-il pas posé la question si ce festival devrait être organisé par une association, et non pas par un syndicat ? En clair, n'empiète-t-il pas sur la plate-bande des associations ? La liste des paradoxes, que cultive M. Baghdad, est longue. Last but not least, M. Baghdad nous parle de pluralisme. On se demande pourquoi alors Monsieur Baghdad «s'éternise» à la tête du Syndicat libre des musiciens marocains.