Au département de Mohamed Cheikh Biadillah, les demandes de mutations reposeront désormais sur des critères tout à fait transparents, basés sur un système de points cumulables en fonction de l'éloignement et de l'ancienneté. Désormais, le ministère de la Santé sera fier d'affirmer que pour la première fois de son histoire, l'opération des mutations "reposera sur des critères objectifs" qui respectent à la fois le droit à la mobilité des fonctionnaires et les impératifs du service public. A ce titre, une circulaire a été publiée lundi dernier fixant les modalités de traitement des demandes de mutations déposées par les fonctionnaires ainsi que les affectations vers l'ensemble des hôpitaux et centres de santé du pays. Les demandes vont commencer à tomber dès le 15 avril et jusqu'au 15 mai. Cette circulaire concerne les médecins généralistes et le personnel paramédical. Quant aux médecins spécialistes, ils seront assujettis, plus tard, aux mêmes règles que les généralistes et les paramédicaux. Le ministère de la Santé a ainsi retenu trois critères de sélection. Et pour cause, son souci premier a été d'instaurer une transparence totale dans cette opération. "Il n'est plus question d'utiliser le copinage ou les calculs politiciens dans les affectations", assure-t-on au département de Mohamed Cheikh Biadillah. C'est ainsi que le système de sélection va reposer sur trois critères purement mathématiques. Tout d'abord, l'ancienneté dans l'administration publique sera notée à un point par année. Deuxième critère: l'ancienneté dans la fonction. Ainsi, le demandeur de la mutation bénéficiera d'un point par année, s'il travaille dans le milieu urbain, et de deux points par année s'il exerce dans le milieu rural. Cette nuance est importante, car elle gratifie les médecins et les infirmiers exerçant dans les campagnes. Enfin, le troisième critère est primordial. Un tableau a été dressé par le ministère de la Santé, en concertation étroite avec les représentants syndicaux. Il s'agit de diviser le territoire marocain, en cinq grandes zones géographiques. La première zone englobe plusieurs grandes villes (Rabat, Casablanca, Tanger, Marrakech, Fès, Oujda, Kénitra…), très prisées par les demandeurs de mutation. Un demi-point, pour chaque année exercée dans ces provinces et préfectures, sera octroyé au demandeur. La seconde zone comporte des villes comme Settat, Khémisset, Beni Mellal, Larache, Safi, Taza ou Nador. Les demandeurs auront droit à un point pour chaque année d'exercice dans ces villes. La troisième zone géographique comporte des petites provinces, telles que Essaouira, Azilal, Khénifra, Taounate ou Al Hoceima. Dans ces villes, une année de fonction équivaut à deux points. Pour ce qui est de l'avant-dernière catégorie, elle englobe cinq villes: Errachidia, Ouerzazate, Guelmim, Zagora et Figuig. Les médecins et les infirmiers qui souhaitent quitter ces villes vont pouvoir multiplier leur nombre d'années en fonction sur place par 2,5. Enfin, la cinquième zone regroupe toutes les provinces sahariennes, qui sont notées à trois points. Pour illustrer tout cela, un infirmier exerçant dans l'hôpital public de Dakhla aura plus de chance à rejoindre Rabat qu'un autre infirmier opérant en plein centre de Casablanca. A noter que la circulaire du ministère prévoit également un traitement particulier pour les regroupements familiaux. Les fonctionnaires qui travaillent loin de leurs conjoints ont droit à un point supplémentaire pour chaque année. Par ailleurs, pour pouvoir déposer une demande de mutation, le médecin généraliste ou l'infirmier doit avoir exercé, en date du 30 juin, au moins deux ans dans son poste actuel. A ce moment, le demandeur peut choisir trois destinations différentes, classées par ordre de priorité, c'est-à-dire de la plus importante à la moins importante. Et les résultats de ce vaste mouvement seront rendus publics à la fin du mois de juillet. En somme, ce nouveau système a pour finalité de réduire les disparités criantes entre les régions. A titre d'exemple, dans le Grand Casablanca, il y a un médecin pour 1.094 habitants, à Rabat-Salé-Zemmour-Zaïr, il y en a un pour 1.460 et ce ratio passe à 3.381 dans la région de Souss-Massa Draâ. On retrouve le même schéma pour les infirmiers. Dans la région du Grand Casablanca, il y en a un pour 1.314 citoyens. Ce taux n'est que de 600 dans la région de la capitale et le Souss ne dispose que d'un infirmier pour plus de 1.500 habitants. Toujours en matière de disparités, la région de Rabat compte 33% des médecins spécialistes du Maroc alors que 16% seulement sont regroupés au niveau de huit autres régions. Autre problème auquel le ministère veut trouver une solution : la fermeture des établissements de soins de santé de base. Aujourd'hui, le Maroc en compte 260, totalement équipés mais qui sont fermés car aucun médecin ou infirmier ne veut y travailler.