Cinq pays européens ont décidé de renforcer leur lutte commune contre le terrorisme à la suite des attentats de Casablanca. Ces attaques assimilées à une atteinte au processus démocratique du Maroc mobilisent le monde entier. Réunis dimanche et lundi à Jerez de la Frontera, au sud de l'Espagne, les ministres de l'Intérieur français, espagnol, allemand, britannique et italien ont décidé de faire une analyse commune des attentats du 16 mai à Casablanca. Leur objectif est de prendre les mesures adéquates pour renforcer la lutte contre le terrorisme sur le vieux continent. « Une réunion technique des principaux responsables anti-terroristes sera organisée (tous les trois mois) et chacun apportera les informations et les données recueillies par chaque pays sur le terrain », a déclaré le ministre espagnol de l'Intérieur Angel Acebes. « Ce travail se faisait jusqu'à présent individuellement par les services spécialisés de chacun de nos pays et ce sera la première fois qu'il sera réalisé en temps réel», a-t-il expliqué. M. Acebes. L'Allemand Otto Schily, le Français Nicolas Sarkozy, le Britannique David Blunkett et l'Italien Giuseppe Pisanu devaient initialement discuter de l'immigration et du terrorisme, mais leurs discussions se sont orientées vers le « dialogue avec les pays arabes modérés qui sont victimes du terrorisme », à la lumière des attaques kamikazes de Casablanca. M. Pisanu a d'ailleurs estimé que l'Europe devait « s'adresser à l'ensemble de l'islam modéré et dialoguer avec lui ». Il a proposé la tenue à Rome d'une « grande rencontre pour le dialogue entre les trois grandes religions ». Le responsable allemand a de son côté souligné que les attentats en Arabie saoudite, le 12 mai, et au Maroc, quatre jours plus tard, portaient vraisemblablement la signature d'Al-Qaïda. Selon M. Schilly, « ce réseau et des organisations terroristes similaires sont encore actives (…). Le style des attentats de Riyad et de Casablanca en est une indication manifeste ». « Nous savions aussi que précisément des Marocains étaient impliqués dans de tels réseaux. Et il y a même eu une alerte avant les attentats de Riyad » a-t-il déclaré. Le ministre danois des Affaires étrangères, Per Stig Moeller a, quant à lui, indiqué lundi que les attentats de Casablanca avaient visé « le processus démocratique engagé par le Maroc ». « En voulant déstabiliser le Maroc, la vraie cible visée par les terroristes est le processus démocratique » du Royaume, a-t-il affirmé, estimant que le Maroc est «le pays le plus démocratique du monde arabe». Il a par ailleurs annoncé qu'il effectuerait une visite officielle dans le Royaume jeudi. Il doit notamment y présenter le nouveau programme d'assistance du Danemark au profit des ONG et de la société civile du monde arabe, en matière de consolidation de la démocratie et du respect des droits humains. Depuis le Caire, l'organisation arabe des droits de l'homme a, elle aussi, exprimé lundi «sa ferme condamnation des actes terroristes qui ont eu lieu à Casablanca». Dans un communiqué, l'OADH a fustigé ces actes criminels qui «visent à transformer le Maroc en un théâtre d'opérations terroristes internationales». Là encore, l'organisation a estimé que ces attentats avaient pour objectif d'attenter à la stabilité politique dont jouit le Maroc, un pays qui vit «une expérience pilote dans le monde arabe alliant stabilité et respect des droits de l'homme et des libertés publiques». Se joignant aux nombreuses condamnations et messages de solidarité adressés au Roi et au peuple marocain, Le président intérimaire de la Commission de l'Union africaine, Amara Essy, a déclaré lundi qu'il condamnait « fermement cet acte ignoble qui, en rien, ne peut se justifier ».