Le secrétaire d'Etat américain devait rencontrer dimanche les Premiers ministres israélien et palestinien pour relancer les négociations, malgré la méfiance manifestée de part et d‘autre. Colin Powell a, comme prévu, rencontré hier le Premier ministre israélien, à Jérusalem, dans le but de relancer les efforts de paix sur la base de la Feuille de route du Quartette. Cet entretien était très attendu par Ariel Sharon, dont le gouvernement a déjà proposé une quinzaine de remarques sur le plan de paix, sans que celles-ci n'aient été prises en compte par Washington. Le Premier ministre israélien a d'ailleurs consulté ses collaborateurs avant de rencontrer le chef de la diplomatie américaine, notamment son ministre de la Défense. Selon la radio publique israélienne, Shaoul Mofaz lui aurait signifié être prêt à appliquer le plan sécuritaire «Ghaza d'abord», et donc de retirer ses troupes de ce secteur si l'Autorité palestinienne s'engageait de son côté à y assurer l'ordre. Signe de bonne volonté, l'armée israélienne a annoncé la levée «à compter de dimanche» du bouclage imposé aux territoires palestiniens. Cette première mesure est-elle suffisante pour apaiser le climat de tensions et de méfiance entre les deux camps ? A l'issue de son entrevue avec le président israélien Moshé Katsav, M. Powell avait estimé samedi qu'il y avait «suffisamment de points d'accord sur la feuille de route pour que nous démarrions» les pourparlers. «Il est nécessaire de mettre fin aux violences maintenant. Il est nécessaire de prendre davantage de mesures qui amélioreront un peu la vie du peuple palestinien» avait alors déclaré le secrétaire d'Etat. Pour l'heure, le seul geste politique que l'Etat hébreu semble prêt à effectuer, ne relève cependant que du droit humanitaire, avec la levée du bouclage mais aussi un projet de rétablissement des droits de pêche des Palestiniens au large de Ghaza, l'allègement des dispositions sur le transfert de produits entre Israël et les territoires palestiniens et la libération de plusieurs dizaines de détenus. Quelle sera la réponse des dirigeants palestiniens qui -contrairement à leur voisin -ont déjà accepté la Feuille de route dans son entier ? Dimanche après-midi, M. Powell devait s'entretenir pour la première fois avec le nouveau Premier ministre Mahmoud Abbas, à Jéricho. «Je pense que le Premier ministre palestinien comprend qu'il doit mettre fin au terrorisme (...) Je pense que nous aurons l'occasion de discuter de la manière dont nous pouvons l'aider, de la façon dont la communauté internationale peut lui fournir une assistance, afin qu'il soit en mesure de mettre un terme à la violence» avait annoncé samedi le chef de la diplomatie américaine. Du côté palestinien, on affirme aujourd'hui que le meilleur soutien qu'Abou Mazen puisse recevoir dans ses efforts de démilitarisation de l'Intifada, est le retrait total de l'armée israélienne de Cisjordanie et de la Bande de Ghaza. A ce niveau, les discussions sont d'ores et déjà bloquées, et il apparaît peu probable que la venue de Colin Powell change en quoi que ce soit la donne. D'autant qu'Ariel Sharon espère encore convaincre le président Bush de modifier le plan de paix lors de leur rencontre prévue à la Maison-Blanche le 20 mai... Le président syrien a pour sa part lié la fermeture de bureaux des groupes armés palestiniens à Damas à un règlement du conflit israélo-arabe. Lors d'un entretien accordé au quotidien Washington Post et à l'hebdomadaire Newsweek, Bachar al-Assad a déclaré avoir «parlé avec le secrétaire d'Etat Colin Powell du gel des activités (des bureaux palestiniens) et non de (leur) fermeture. Mais cela est lié au Golan et à une reprise des négociations de paix» avec Israël. Lorsque M. Powell est venu en Syrie le 3 mai pour faire pression sur le régime, M. al-Assad lui a répondu que la priorité de son pays était «la restitution de notre territoire». En attendant, la journée de dimanche a connu de nouvelles violences avec des tirs de roquettes de type Qassam depuis le nord de la Bande de Ghaza vers la ville israélienne de Sdérot. L'armée israélienne a de son côté détruit trois maisons dans le sud de la bande de Ghaza, dans le camp de réfugiés de Khan Younès, au lendemain de tirs de mortiers contre l'implantation de Névé Dekalim, revendiqués par les Brigades Ezzedine al-Qassam, branche armée du Hamas.