Le Prince Héritier Moulay Al Hassan porte le nom de deux monarques exceptionnels de l'Histoire moderne du Maroc. La naissance d'un fils aîné, assurant la continuité du nom, est un heureux événement dans l'illustre famille royale. Plus encore dans la monarchie Alaouite, quand le Prince Héritier -que Dieu le protège- porte le prénom de Moulay Al Hassan. Le nom célèbre de deux monarques exceptionnels de l'Histoire moderne du Maroc : Hassan 1er (1873-1894) et Hassan II (1961-1999). Quatre ans après son accession au Trône, Sa Majesté Mohammed VI a assuré -dans la joie populaire- sa succession sous les meilleurs augures. Sa Majesté Mohammed V avait amendé la tradition séculaire qui couronnait le «plus méritant» parmi les membres de la famille régnante, au sens élargi, par le pacte de la «Beia» liant le Souverain à la communauté nationale des croyants. La Constitution du Maroc moderne a déterminé le père de l'indépendance à adopter le droit d'aînesse, à moins exceptionnellement, de clause contraire pour des raisons impérieuses. Le Roi Mohammed V et son fils le Roi Hassan II, ont, de leur vivant, désigné leur fils aîné Prince Héritier. L'absence de règle précise de succession avait été une des sources d'instabilité et de désordre dans la longue Histoire marocaine. Sans remonter jusqu'aux trente années d'anarchie qui avaient marqué la guerre de succession de l'Empereur Moulay Ismaïl (1672-1727), il n'est qu'à se reporter aux destins cahoteux des fils de Moulay Hassan, (1873-1894), le dernier grand Sultan du vieux Maroc. A son fils aîné Sidi Mohammed, le tout-puissant régent Ba Ahmed avait préféré et imposé aux Ouléma, le cadet du Sultan à peine âgé de quatorze ans, en 1894, pour s'attribuer les pouvoirs de régent. Mais Moulay Aziz devait être détrôné pour son propre frère, Moulay Hafid, en 1909. En 1911, il ne devait pas à son tour échapper à la déposition, par son autre frère, Moulay Zin, alors que la crise marocaine atteignait son paroxysme, par l'arrivée à Fès d'une colonne militaire française. Contraint d'abdiquer après la signature du traité du protectorat et la tragédie de Fès, en 1912, Moulay Hafid avait en vain négocié la montée au Trône de son fils aîné. Jugé trop imprévisible, le premier résident général Lyautey, lui avait préféré son demi-frère, Moulay Youssef (1912-1927), qui «abritait une âme de sage». A la mort du Souverain, d'une dignité parfaite qui avait été pour le bouillant proconsul Lyautey, le partenaire espéré de la période la plus prometteuse du protectorat, son moins doué successeur,le second résident J.Steeg croyait pouvoir imposer un Souverain à son image. Il sortit de l'anonymat le plus jeune des fils de Moulay Youssef, qui devait, 29 ans plus tard, être le fossoyeur du protectorat et le père de l'indépendance, Mohammed V (1927-1961). Tirant la leçon de l'Histoire, Mohammed V devait désigner de son vivant son fils aîné Moulay Hassan comme Prince Héritier. A sa mort soudaine, à la suite d'une opération chirurgicale, son fils, Prince Héritier lui succéda sans aucune contestation. Hassan II (1961-1999) devait ancrer dans la Constitution adoptée par référendum populaire – à l'âge de 16 ans de son fils, le Prince Héritier Sidi Mohammed -, le nouveau mode de succession, gage de stabilité de la monarchie nationale. Dépositaire du legs de l'une des plus vieilles dynasties régnantes, le nouveau-né Moulay Al Hassan – que Dieu le bénisse et le protège – lorsqu'il montera sur le Trône – après un très long règne que Dieu prêtera à Son père S.M. le Roi Mohammed VI - portera de plus, la charge d'un nom devenu symbolique. Dernier grand sultan du vieux Maroc, Hassan 1er avait élevé à sa plénitude la tolérance et la bienveillance envers la communauté juive marocaine qui lui réserve, aujourd'hui encore dans sa mémoire, le titre peu souvent attribué de “Juste des Nations”. Cette bienveillance qui ne s'est pas démentie sous les règnes de ses fils, a été parachevée par son petit-fils, S.M. Mohammed V, également désigné “Juste des Nations”. Après leur avoir évité le pire, sous le régime de Vichy, de rang de sujets protégés, il a porté les Juifs du Maroc, le jour de l'Indépendance, au rang de citoyens à part entière. Allant dans la même voie, S. M. Hassan II l'a enrichie par sa vision de la nécessité de l'entente des Fils d'Abraham. Il s'est fait l'apôtre de la réconciliation entre Arabes et Israéliens, dans l'intérêt du peuple palestinien, pour un Etat palestinien indépendant et souverain. Sans perdre l'occasion de manifester sa préoccupation sur la recherche de la paix au Moyen-Orient afin d'assurer la création de l'Etat palestinien, S.M. le Roi Mohammed VI reste déterminé à garantir les droits de tous ses citoyens sans distinction de religion : «Un sujet du Roi est un sujet marocain de plein droit qu'il soit Musulman ou Juif» a-t-il dit aux représentants de l'Union mondiale du Judaïsme marocain, venus l'assurer de l'attachement fidèle des Juifs du Maroc, à travers le monde, pour le Roi et le peuple marocain. • Par Robert Assaraf Président du centre de recherche des Juifs du Maroc