Après la publication de l'OCDE des résultats de l'enquête PISA 2018 «Un pays qui est bien positionné au primaire sera bien positionné au PISA (Program for International Student Assessment)». C'est ce que préconise Youssef Saâdani, directeur des études économiques à la Caisse de dépôt et de gestion (CDG), lors d'une conférence-débat lancée jeudi par l'Institut CDG, sous le thème «Quelle école pour demain ? Priorités et défis». Il faut dire que cette rencontre intervient après la publication de l'OCDE des résultats de l'enquête PISA 2018 sur la performance des systèmes éducatifs. Ainsi, l'étude montre que le Maroc, qui y participe pour la première fois, est classé parmi les derniers. «Ce résultat rejoint toutes les évaluations qu'on a réalisées précédemment. Plus de deux tiers des élèves marocains de tous les stades de la scolarité ont une grande difficulté d'apprentissage», a souligné à ce sujet M. Saâdani. Dans ce sens, il a identifié les déficiences essentielles à corriger pour restaurer la qualité de l'école marocaine. Il y a lieu de citer en premier lieu le recrutement des enseignants par anti-sélection. «Aujourd'hui, le métier d'enseignant attire aussi bien les mauvais que les meilleurs», dit-il. En ajoutant qu'«il faut inverser la logique. Les enseignants doivent être issus des meilleurs des générations. C'est un objectif raisonnable mais ambitieux. L'idée est de prendre un tiers des meilleurs. Ainsi pour les attirer, il faut leur donner une carrière plus attractive», explique-t-il. En poursuivant que «les pays les plus performants dans le monde en matière d'enseignement sont ceux qui parviennent à attirer les meilleurs étudiants de leur génération vers les métiers de l'enseignement tout en leur offrant une formation d'excellence. En Corée, au Japon ou à Singapour, les enseignants sont sélectionnés parmi les meilleurs 10% au baccalauréat». Après l'anti-sélection des enseignants, l'accumulation des lacunes des élèves est le deuxième facteur de dysfonctionnement de l'école marocaine. «Il n'y a plus de frein à l'échec scolaire. Un enfant qui ne sait pas lire en première année du primaire passera quand même en deuxième année où il devra lire une phrase complète, puis en troisième année où on lui demandera de comprendre un texte de 10 lignes». La solitude des enseignants dans l'exercice de leur métier constitue également un des blocages majeurs. «On demande à un enseignant d'accomplir des tâches qui le dépassent complètement. Il est le seul à se développer professionnellement et le seul à aider les élèves ayant notamment de grandes difficultés», dit-il. Selon cet expert, le Maroc aurait besoin de mobiliser d'autres profils pour accompagner l'ensemble des enseignants du primaire, tels que des coachs qualifiés, des orthopédagogues et des psychopédagogues.