Une phrase de Khalil Hachimi Idrissi dans son «Bonjour» de mardi, à propos de Guisser, m'a particulièrement marqué : «Le jeune urbain est l'avenir- en creux- du jeune rural». Une phrase de Khalil Hachimi Idrissi dans son «Bonjour» de mardi, à propos de Guisser, m'a particulièrement marqué : «Le jeune urbain est l'avenir- en creux- du jeune rural». J'étais avec des jeunes de Maillage, Naïma Lamcharqui, aux côtés de Redouane Allali, grand organisateur de cette journée sportive et culturelle à Guisser, dimanche dernier. Je voudrais tout d'abord, ici, saluer sincèrement l'action sociale du jeune Widadi : très populaire auprès de la jeunesse marocaine, de par ses origines modestes, son côté «rebelle», son véritable talent sur un terrain de football, Redouane est en train de mettre sa popularité au service de la jeunesse. Il faut le féliciter et l'encourager ; et médiatiser son action afin de sensibiliser d'autres jeunes sportifs à de telles initiatives et les inciter à suivre l'exemple. Pour en revenir à mon propos initial, je voudrais dire à quel point, lors de cette journée à Guisser, j'ai pu constater l'isolement, l'enclavement de la jeunesse du monde rural. Particulièrement touchée par le chômage, victime du manque d'infrastructures scolaires, la jeunesse rurale ne peut même pas se tourner vers les activités sportives ou culturelles, puisque les loisirs y sont quasi inexistants. Les jeunes de Guisser sont massivement tentés par l'immigration, et un grand nombre d'entre eux se sont installés en Italie, notamment –quant aux générations actuelles c'est Casablanca qui semble les attirer, or les jeunes des quartiers Attacharouk et Aïn Sebaâ, qui avaient accompagné Redouane Allali dans son déplacement, ont pu expliquer aux jeunes de Guisser, que rien ne les attendait dans la Capitale économique du Royaume, qu'ils n'y trouveraient guère ce qu'ils espéraient. D'où la vertu pédagogique d'une telle rencontre entre jeunes des quartiers populaires et jeunes de la campagne : faire comprendre à ceux-ci que leur avenir en ville serait encore plus précaire que celui de ceux-là. L'exode rural, peut-être moins dramatique que la tentation des pateras, n'en est pas moins un des grands maux de notre société. Il faut, d'urgence, trouver les moyens de stabiliser la population rurale et particulièrement la jeunesse. Bien sûr le meilleur moyen demeure l'emploi, mais outre celui-ci, il faut offrir à ces jeunes la possibilité de trouver un minimum de ce à quoi aspire la jeunesse dans son ensemble : les lieux de loisirs, de distraction, les moyens de progresser, de s'instruire, de s'éduquer, les possibilités de pratiquer un sport, de faire de la musique, d'aller au cinéma… Nous aurions grand tort de penser que tout cela est superflu, nous-mêmes qui aspirons et pratiquons ce genre d'activités : les jeunes du monde rural souffrent d'un désert culturel, qui ajoute à leur mal-vie, leur mal-être. Pour qu'ils aient un avenir, pour que ceux des quartiers des villes en aient un également et que ni l'un ni l'autre ne soient creux, il faut certes déployer des moyens matériels mais il faut avant tout déployer de l'énergie, or celle-ci est en nous, utilisons-la, à l'image de Redouane Allali, pour rendre cet avenir probable.