Les frappes aériennes américaines contre l'Irak sont ressenties par les peuples arabes comme un coup porté à leur dignité et comme une agression contre la légalité internationale. Au-lensemain des frappes aériennes américaines contre Bagdad, l'ambassadeur de l'Irak à Moscou, Abbas Khalaf Kanfoud a réclamé, au nom de son pays, la convocation d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU. «Nous exigeons la convocation du Conseil de sécurité de l'ONU pour débattre de la question irakienne conformément à la Charte des Nations Unies car c'est le Conseil de sécurité qui est responsable du maintien de la paix et de la sécurité internationales», a déclaré le diplomate irakien à l'agence de presse Ria Novosti. D'un autre côté, l'ambassadeur d'Irak à Ankara, Talib Abd Salih, a exhorté, jeudi, la Turquie de ne pas ouvrir son espace aérien aux avions américains pour bombarder Bagdad. Dans une déclaration à la presse, M. Salih a estimé que toute facilité donnée aux forces américaines pour agresser son pays sera considérée comme une «participation à l'agression». Il a notamment émis l'espoir de voir les députes de la Grande Assemblée nationale turque rejeter, une seconde fois, la nouvelle motion gouvernementale sur l'autorisation de l'ouverture d'un couloir aérien aux avions américains. Le diplomate irakien a appelé les députés turcs à «préserver l'avenir»et à «ne pas sacrifier les relations bilatérales historiques, fraternelles,de bon voisinage et de solidarité». Par ailleurs, le Conseil de la Ligue arabe a appelé, jeudi, à une réunion urgente au niveau des délégués consacrée à la crise irakienne et aux frappes militaires américano-britanniques contre Bagdad. Le secrétaire général de la Ligue arabe Amr Moussa a qualifié la journée de jeudi de «triste pour tous les Arabes», ajoutant qu'il se concertera avec les ministres arabes des Affaires étrangères et les ambassadeurs arabes auprès de l'ONU pour «examiner les mesures à prendre». M. Moussa a également demandé au Conseil de sécurité de l'ONU d'«assumer ses responsabilités pour arrêter immédiatement cette guerre, puisqu'il est le principal responsable du maintien de la paix et de la sécurité internationales». En Egypte, les autorités ont pris jeudi une série de mesures suite au déclenchement des attaques militaires américaines contre l'Irak, au moment où les universités égyptiennes ont connu plusieurs manifestations anti américaines. Après une grande manifestation organisée à l'université Al-Azhar, des milliers d'étudiants de l'université du Caire se sont rassemblés dans d'autres manifestations pour condamner la guerre et «dénoncer» la position du président américain George W. Bush et celle d'Israël. L'aéoroprt du Caire a connu, lui aussi, une série de préparatifs en prévision du retour massif d'un grand nombre d'expatriés égyptiens qui devraient quitter la région du Golfe, notamment le Koweit et l'Irak. Au Maghreb, le ministre algérien des Affaires étrangères, Abdelaziz Belkhadem, a déclaré que son pays «regrette l'attaque contre l'Irak», déclenchée tôt par des bombardements aériens et appelé le Conseil de sécurité à « agir » pour « préserver l'ordre mondial », a indiqué l'agence "APS", citant la Radio algérienne. M. Belkhadem a souligné que l'Irak "a collaboré avec les inspecteurs de l'ONU" et que cette attaque s'est faite «en dehors du Conseil de sécurité qui a pour mission de préserver la paix et la sécurité à travers le monde». Le conseil de sécurité «se doit d'agir» et «il faut à tout prix préserver l'ordre international, sinon c'est le chaos», a-t-il suggéré, relevant que la crédibilité du Conseil a été «fortement ébranlée par le recours à la force». A Tunis, le président tunisien Zine El Abidine Ben Ali a exprimé «son profond regret» face au déclenchement de la guerre contre l'Irak. Dans un discours prononcé à l'occasion du 47-ème anniversaire de l'Indépendance de la Tunisie, il a également exprimé «sa vive préoccupation quant aux conséquences néfastes et aux dommages immenses qu'elle (la guerre) ne manquera pas d'avoir au détriment du peuple irakien et de l'ensemble de la région du Moyen-Orient, dès lors que cette guerre ne fera qu'accentuer les malheurs et les risques d'instabilité, à l'heure où les peuples de la région ont plus que jamais besoin de sécurité et de paix pour pouvoir consacrer leurs efforts à la construction et au développement et coexister dans la concorde et l'entente». Les participants à un meeting organisé sous l'appel du Front populaire d'opposition et la Ligue nationale de défense d'Al Qods ont dénoncé «l'agression américaine » contre le peuple irakien, appelant les pays arabes et islamiques à assumer leur responsabilité et soutenir l'Irak dans cette crise.