L'armée américaine intensifie son déploiement dans le Golfe. Nouvelles inspections de sites suspects. Bagdad salue l'exemple de la Corée du Nord. Le déploiement militaire américain dans le Golfe s'intensifie. S'engageant encore plus vers une guerre, les Etats-Unis ont confirmé l'envoi dans cette région d'une division d'infanterie de 17.000 hommes, soit le plus vaste déploiement de cette importance depuis la première guerre du Golfe, en 1991. Les Etats-Unis disposent déjà de quelque 65.000 soldats tout autour de l'Irak et avaient récemment fait part de leur volonté d'étoffer encore leur dispositif avec 50.000militaires supplémentaires. C'est sans doute pourquoi un haut responsable irakien a accusé, jeudi, Washington de poursuivre ses préparatifs pour « une guerre d'agression » contre l'Irak bien que Bagdad coopère avec les experts en désarmement. Selon Tarek Aziz, vice-premier ministre, « il y a un dessein impérialiste derrière toute l'agitation créée par Washington. Ce dessein est d'envahir l'Irak, de l'occuper et d'utiliser ses ressources nationales pour les objectifs du complexe militaro-industriel, pour les objectifs du régime capitaliste ». Lors de la première journée d'inspection de la nouvelle année, les experts ont visité plusieurs sites suspects, dont une imprimerie et une base de missiles. Les inspecteurs en désarmement des Nations Unies prévoient désormais d'entreprendre leurs premières inspections aériennes, en hélicoptères, et ont discuté des plans de vols avec les autorités irakiennes. Ils veulent aussi installer une base permanente à Mossoul, pour faciliter leurs inspections dans le Nord du pays. Les experts onusiens doivent déterminer, avant le 27 janvier, si Bagdad possède ou développe des armes de destruction massive et des missiles de longue portée. Sur le terrain, l'aviation américano-britannqiue a bombardé des installations civiles dans la région de Bassorah , dans le Sud de l'Irak, faisant un mort et deux blessés, selon Bagdad. Les Américains affirment, de leur côté, avoir bombardé un radar irakien déployé dans la zone d'exclusion aérienne dans le Sud irakien, qui menaçait leur aviation. L'Irak, tout comme l'ONU, ne reconnaît pas la validité des zones d'exclusion aérienne imposées par Washington et Londres dans le Nord et le Sud du pays, qui n'a fait l'objet d'aucune résolution du Conseil de Sécurité. C'est pourquoi Bagdad qualifie de « guerre non déclarée », ces raids au-dessus des zones d'exclusion aérienne. Sur un autre plan, l'Irak a salué l'exemple de la Corée du Nord qui résiste aux Etats-Unis sur son programme nucléaire après les déclarations du Président George Bush qui souhaite désormais une solution pacifique de la crise avec Pyongyang. « Nous, les Arabes, nous avons besoin de réviser nos comportements vis-à-vis des Etats-Unis, comme l'a fait la Corée du Nord, pour nous faire respecter par eux », écrit le journal du Parti Baas. Pour « at-Tawra », les Arabes doivent tirer des leçons de cet exemple pour se mobiliser dans le but d 'empêcher une agression contre l'Irak et de prévenir la croisade américano-sioniste dans le monde arabe » Les autres organes irakiens ont appelé, jeudi, le reste du monde à donner, en 2003, un caractère global à la lutte contre les politiques « hégémoniques » des Etats-Unis. «Pour que l'année 2003 ne soit pir que la précédente, les pays du monde doivent entretenir le rejet de la politique américaine et en faire une position mondiale ». La presse irakienne, qui qualifie le Président Bush de « menteur de l'année 2002 », affirme qu'à l'exception d'Israël, « aucun pays n'est à l'abri du déchaînement américain ». Au plan diplomatique, le Premier ministre turc, Abdellah Gul, entame à partir de samedi, par la Syrie, une tournée dans des pays arabes. Il se rend, dimanche, en Egypte, lundi en Jordanie et mardi en Arabie saoudite. Ankara craint qu'une guerre en Irak ne déstabilise la région et n'ouvre la porte à un Etat kurde dans le Nord de l'Irak. Cette guerre est en outre décriée par la quasi-totalité de la population turque, musulmane, qui risque de considérer le nouveau gouvernement, de mouvance islamiste, comme manipulé par l'Occident.